Le procureur du tribunal a accusé ce 30 septembre le colonel Gonzalez del Rio d'avoir ordonné à des soldats de son bataillon d'assassiner des paysans présentés ensuite comme des guérilleros tués au combat. Le colonel se trouvait déjà en détention depuis 2012 pour deux autres exécutions extrajudiciaires commises en 2007 par le bataillon qu'il dirigeait.
Entre 2006 et 2010, sous la présidence d'Alvaro Uribe, l'armée s'est rendue coupable de centaines d'exécutions extrajudiciaires. Des bataillons repéraient des hommes désœuvrés, dans des quartiers défavorisés, petits délinquants parfois ou paysans, et les enlevaient. Ils les emmenaient loin de chez eux, les obligeaient à tirer avec une arme, puis les abattaient de sang-froid. Ils les affublaient ensuite de fusils et de tenues, en les faisant passer pour des guérilléros tombés au combat, pour faire du chiffre, obtenir des jours de repos ou des primes.
Lorsque le scandale a été révélé en 2008, trois généraux et 27 militaires ont démissionné. Des milliers de plaintes sont en attente. L'avocat du colonel Gonzalez del Rio dit espérer que son cas bénéficiera de la justice transitionnelle issue des accords de paix. Le cas échéant, son client encourt une peine de 50 années de prison, qui pourrait être divisée par deux depuis qu'il a décidé de collaborer avec les autorités.