Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Ce fut un affrontement entre parlementaires républicains et démocrates, sous les yeux du public... et d’Hillary Clinton. Et globalement, rien de nouveau n’est ressorti de cette audition sur les évènements de Benghazi.
Les conservateurs ont insisté sur les mesures de sécurité qu’Hillary Clinton aurait dû prendre pour protéger les diplomates en Libye. « Pourquoi leurs nombreuses demandes, pour une meilleure sécurité, [...] ont-elles été refusées à Washington ? » Cette question, posée depuis 2012, a été répétée une fois encore par le républicain Trey Gowdy, et elle n'a pas reçu de nouvelle réponse. « J'ai eu plus d'insomnies que vous tous réunis, leur a concédé l'ancienne secrétaire d'Etat, non sans émotion. Je n'ai pas cessé de penser à ce que nous aurions pu faire de plus. »
Les démocrates, pour leur part, sont revenus sur les sept précédentes commissions d’enquêtes qui ont conclu que la chef de la diplomatie de l'époque n’avait pas pris de mauvaise décision, et ont maintes fois accusé les républicains d’avoir comme seul objectif de faire baisser Hillary Clinton dans les sondages.
La tension entre membres de la commission était évidente, et l’agressivité à l’égard d’Hillary Clinton parfois à la limite de la politesse, mais à aucun moment les positions de part et d’autre n’ont semblé évoluer.
Visée électorale
Si cette audition d’Hillary Clinton devait être un moment important dans l’enquête sur l’attaque de Benghazi, c’était aussi un jour qui devait marquer un tournant dans l’actuelle campagne pour l’élection présidentielle.
Côté républicains, on n’a pas marqué les points escomptés, car les conservateurs n’ont pas réussi à déstabiliser l’ancienne secrétaire d’Etat. Deux élus républicains et un expert du panel ont d’ailleurs expliqué avant l’audition que le but était d’abattre Hillary Clinton. Les élus se savaient donc observés.
Côté démocrate, on était inquiets, et on attend sans doute les nouveaux sondages, pour savoir si cette interminable audition a porté préjudice à la candidate Clinton, en course pour l'investiture démocrate à la prochaine présidentielle. Manifestement les élus du parti présidentiel s’étaient entendus pour venir à son secours, et pour être à l’offensive, au moment où elle semblait en difficulté.
Mais en réalité Hillary Clinton était extrêmement bien préparée. Et si à certains moments, la candidate a semblé fatiguée, excédée même, elle n’a jamais élevé la voix, et n’a jamais perdu son calme. Et ce sont les membres démocrates du panel, comme Elijah Cummings, qui ont dit tout haut ce qu'elle pensait sans doute tout bas : « Le moment est venu pour les républicains d'arrêter cette coûteuse enquête qui ne mène à rien. Nous devons arrêter la politicaillerie pour faire de la politique, au sens noble. »
Les Américains sont certainement peu nombreux à avoir suivi l’intégralité de cette audition marathon pourtant télévisée et se feront une idée sur les quelques secondes qui seront diffusées dans leur journal habituel.