Le Guatemala s’apprête à élire ses députés et son président dans une ambiance explosive ; les élections générales se tiendront le 6 septembre prochain. Depuis la fin de la semaine dernière, le gouvernement en place est touché par un très grave scandale de corruption. La vice-présidente Roxanna Baldetti a été arrêtée et accusée d’association de malfaiteurs, de fraude et de corruption passive. Six des treize ministres du gouvernement ont démissionné, et mardi la Cour suprême a demandé au parlement de lever l’immunité du président Otto Pérez. Le quotidien guatémaltèque Prensa Libre avertit les parlementaires qui voudraient voter contre, en particulier ceux qui ne sont pas membres du parti du président. L'éditorialiste du journal dénonce une « alliance perverse », et prévient : « les Guatémaltèques ne peuvent plus tolérer les abus de pouvoir de politiques qui ne pensent qu'à leurs propres intérêts. » Selon Siglo 21, « la population a soif de châtiments ». Le quotidien concède que la justice répond lentement à cette demande, mais il salue mardi comme un jour « historique pour la justice du pays ».
El Periódico appelle directement à la « désobéissance civile » contre les « mafieux » à la tête de l'État, et parmi les agents « des douanes, des ports, des aéroports, des services de la migration »... « Si nous ne le faisons pas », conclut l'éditorialiste du journal, « il ne faut pas espérer que la CICIG », la commission d’investigation des Nations Unies contre l’impunité au Guatemala, qui a révélé ce scandale de corruption, « légifère, juge, et gouverne aussi à notre place ».
Au Venezuela, la frontière colombienne comme exutoire
À la fin de la semaine dernière, le gouvernement du président vénézuélien Nicolás Maduro a décidé de fermer une partie de sa frontière avec la Colombie. Depuis, plus d’un millier de Colombiens ont été expulsés du pays. La presse colombienne s'émeut du sort de ces expulsés, à l’image du principal quotidien du pays, El Tiempo. À sa Une, il publie cette photo frappante : des Colombiens traversent une rivière qui sépare la Colombie du Venezuela. L'eau arrive jusqu'à la taille des adultes. Tous portent des meubles ou d’énormes bagages sur leur dos. Le journal local de la ville de Cali, El País, évoque une « crise humanitaire ».
Les éditorialistes colombiens ne sont pas tendres avec la décision de Nicolás Maduro. Ils dénoncent un calcul politique de sa part. El Tiempo et son concurrent El Espectador sont d'accord. Pour le premier quotidien colombien, le successeur d'Hugo Chávez « a décidé de jouer la carte de l'ennemi extérieur alors qu'il est en pleine crise interne, et à la veille d'une échéance électorale ». Des législatives auront lieu en décembre prochain au Venezuela.
El Espectador se révolte contre « le spectacle indigne d'un régime qui ne sait plus comment cacher ses peurs », et dénonce : « les voix bellicistes qui cherchent à profiter de ce moment pour critiquer le gouvernement sont irresponsables ». Depuis l’éclatement de ces énièmes tensions frontalières entre Colombie et Venezuela, une partie de l'opposition colombienne dénonce l'inaction du président colombien face au discours agressif de Caracas. Mardi, Juan Manuel s’est finalement exprimé dans une allocution télévisée. Il s'est prononcé pour une solution diplomatique avec le Venezuela : « ce n’est pas le moment de battre les tambours de guerre que certains voudraient entendre. C’est le moment de faire preuve de fermeté, de bon sens et d’efficacité pour trouver une solution, et défendre les vies et la dignité de nos compatriotes », a-t-il déclaré.
El Tiempo va dans le même sens : « entrer dans le jeu des provocations de Maduro serait une grossière erreur ». Un caricaturiste du journal résume la situation : Matador dessine un Nicolás Maduro à l'air perdu. Il tient un bouc au bout d'une corde. Sur l'épaule du président, un perroquet souffle cette phrase au successeur d'Hugo Chávez : « Le Venezuela est en train de s'effondrer, il faut qu'on trouve un bouc émissaire ». Les mots suivants sont marqués, comme au fer rouge, sur le corps du bouc : « Colombiens à la frontière ».
Katrina, dix ans après
Aux États-Unis, on s'apprête à commémorer samedi les dix ans de l'ouragan Katrina. En 2005, la tempête avait provoqué la mort de 1800 personnes et laissé 80 % de la Nouvelle-Orléans sous les eaux. Dix ans après, la presse américaine dresse le bilan des progrès accomplis.
Le quotidien national USA Today salue les « efforts gigantesques » réalisés pour éviter que La Nouvelle-Orléans ne subisse à nouveau des destructions aussi importantes que celle de Katrina. Pourtant, et malgré 14 milliards de dollars d'argent public investis depuis 2005, la ville n'est pas encore complètement « en sécurité » selon un chercheur de l’Université de Tulane interrogé par le journal. L’éditorialiste lance cette alerte : « toute la région s’enfonce progressivement dans l’océan. Dans le même temps, le changement climatique fait monter le niveau de la mer. D’ici la fin du siècle, ces deux effets combinés pourraient placer certaines zones », non pas six pieds sous terre, mais « quatre pieds sous le niveau de la mer ». Alors USA Today appelle le pays à trouver une solution pour protéger durablement La Nouvelle-Orléans, mais aussi toutes les villes côtières du pays, comme New York ou Miami, et à trouver « comment la financer ».