Lors de la conférence de presse, tenue par le Conseil électoral provisoire jeudi en fin d’après-midi, ses membres ont annoncé le taux de participation, 18 % au niveau national, l’annulation du scrutin dans 25 des 119 circonscriptions en raison des violences et incidents, et la sanction des fauteurs de troubles. Mais le Conseil électoral s’est ensuite retiré, sans donner les résultats tant attendus.
La plupart des journalistes haïtiens ont été occupés la nuit dernière à faire des calculs et des vérifications pour analyser les pages avec les résultats préliminaires du premier tour des législatives du 9 août 2015 que le CEP a envoyé finalement vers minuit par mail aux médias et partis politiques.
Ce qui expliquent peut-être aussi qu'on ne trouve vendredi pas encore beaucoup d'éditoriaux. A l'exception de celui du Nouvelliste, écrit avant l'envoi des résultats par mail. « Pour dépenser des millions, le CEP est bon. Dès qu'il s'agit de bien faire marcher la machine électorale, il y a des problèmes et pas de sanction », lance notre confrère Frantz Duval. « Soit que la nonchalance préside au Conseil électoral provisoire, soit qu'il n'y ait que de l'incompétence dans l'institution de bas en haut », poursuit le rédacteur en chef du Nouvelliste.
« Le 25 octobre, ce ne sont plus des législatives qui nous attendent, mais aussi la présidentielle, les municipales, les élections locales. Qui endiguera l'incompétence au sein de l'institution électorale ? ». Et l'éditorialiste de conclure : « Mosler Georges, directeur exécutif du CEP a déclaré tôt jeudi matin que les membres du CEP s'auto-évaluaient. Plaise qu'ils disposent du bon logiciel ou d'une simple check liste efficace avant de plonger le pays dans une nouvelle crise électorale ».
La correspondante du Miami Herald à Port-au-Prince s'interroge également sur les raisons des retards et des cafouillages au moment de l'annonce des résultats. Mercredi, alors que les journalistes convoqués au centre de presse attendaient l'apparition des membres du Conseil électoral provisoire, ceux-ci auraient débattu pour savoir quel était le moment propice pour annoncer les résultats préliminaires, rapporte Jacqueline Charles qui cite des sources proches du CEP. « Ce vendredi, sera lancé à Port-au-Prince Carifesta, un évènement culturel de grande envergure auquel participent des artistes venus de toute la Caraïbe, de Cuba et des Etats-Unis et qui coute 8,7 millions de dollars », rappelle le Miami Herald.
Une opportunité pour Haïti et son secteur touristique qui n'a pas besoin d'images de violences post-électorales. « Pendant dix jours, les Haïtiens peuvent choisir de faire semblant », écrit à ce propos encore Le Nouvelliste dans un article dédié au festival. « Nos prétendants députés et sénateurs sont appelés à montrer au monde entier qu’ils peuvent contester les résultats des élections sans bloquer les rues et empêcher la population de vaquer à ses activités. Comme une famille qui reçoit des étrangers, nous pouvons choisir de ne pas exposer notre linge sale. Nous avons dix jours pour être Haïti ou nous offrir en spectacle à nos invités ».
Etats-Unis : le phénomène Bernie Sanders
Aux Etats-Unis, un phénomène commence à prendre de l'ampleur : c'est la candidature de Bernie Sanders pour les primaires démocrates à l'élection présidentielle de 2016. Une lectrice du Buffalo News se plaint dans une lettre, publiée aujourd'hui par ce journal local, du « manque de couverture médiatique » dont souffre, selon elle, la campagne de Bernie Sanders. « Donald Trump rassemble 3 000 sympathisants à ses meetings, mais les médias sont toujours là pour en parler. Alors que Bernie Sanders attire 30 000 personnes à chaque étape de sa campagne. Sa candidature devient un phénomène, et les médias l'ignorent », écrit-elle.
Selon le New York Times, la campagne de Bernie Sanders « fait figure de déversoir pour la colère de démocrates désabusés; cette aile gauche qui estime que le grand capital et ses alliés conservateurs portent la responsabilité des maux du pays et que Barack Obama n'a rien fait pour changer cette logique ».
Pour le Milwaukee Sentinel, « des millions d'Américains, aussi bien de gauche que de droite, ont perdu toute confiance dans les deux grands partis américains. Il n'y a plus qu'un Américain sur quatre qui se disent encore satisfaits avec la direction que prennent les Etats-Unis ». C'est ainsi que s'explique le succès de Bernie Sanders et de Donald Trump, estime l'éditorialiste avant de conclure : Républicains et Démocrates « ont été incapables de contenir leurs insurgés. Un nouveau chapitre s'ouvre pour la politique américaine ».