De notre correspondant à Mexico,
Cela peut sembler contradictoire. Malgré la chute de popularité du président Peña Nieto, touché par des scandales de corruption et incapable pour l'instant de faire décoller le Mexique économiquement, alors que le pays traverse une grave crise sociale, le PRI est arrivé en tête des élections législatives de dimanche, ce qui lui permet de conserver sa majorité à la Chambre des députés.
Peut-être peut-on dégager deux raisons à cette victoire du parti au pouvoir. D’une part, cette formation monolithique peut compter sur le vote « dur » et inconditionnel de ses membres, qui représentent plus de 20 % de l’électorat dans le pays. D’autre part, les deux grands partis que sont le Parti Action Nationale (PAN, à droite) et le Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche) n’ont pas su capitaliser l’impopularité du président. Ce sont eux qui font figure de grands perdants de ces élections.
Effet Morena
A noter qu'un nouveau parti de gauche, le Mouvement de Régénération nationale (Morena), fait une percée remarquée à l'occasion du scrutin de dimanche, en devenant la quatrième force politique au Parlement, avec 9 % des voix. Grâce à un tel résultat, le Morena talonne le PRD, grand parti de la gauche mexicaine aujourd’hui en pleine débâcle. De surcroît, il devient aussi la première force politique dans la capitale, Mexico, aux mains du PRD depuis bientôt 20 ans.
Quel rôle jouera cette formation ? Au Congrès, Morena va tenter de mettre un frein à la politique réformiste du président Peña Nieto, politique qui continue à bénéficier d’une majorité parlementaire. Mais surtout, les excellents résultats du Morena signifient une victoire politique pour son fondateur, Andrés Manuel Lopez Obrador qui, en 2018, va pouvoir se présenter pour la troisième fois consécutive à l’élection présidentielle.
47 % d'abstention
La réforme électorale de l’an passé a permis pour la première fois à des candidats indépendants, c’est-à-dire hors de tout parti, de se présenter. Mais ils ne sont pas nombreux à avoir gagné. Seuls 6 des 120 candidats indépendants ont réussi à se faire élire, dont l’un comme député fédéral et un autre comme maire de la grande ville de Guadalajara. La grande surprise, c’est en fait la victoire de Jaime Rodriguez El Bronco. Cet ex-membre du PRI a réussi à être élu gouverneur de l’Etat de Nuevo Leon.
Ces résultats indiquent qu’une partie de l’électorat mexicain a voulu exprimer son ras-le-bol vis-à-vis des partis traditionnels. Mais plutôt que d’annuler leur vote ou de s’abstenir, comme l’ont fait 47 % des Mexicains, ces électeurs ont préféré porter leur choix sur des candidats indépendants.