Avec notre correspondant à Mexico, Patrick John Buffe
Dans une apparente tranquillité assurée par la présence discrète de la police, les électeurs de l'Etat de Morelos se sont rendus depuis huit heures du matin dans les bureaux de vote. A tour de rôle, ils ont déposé leurs bulletins dans trois urnes : la première de plastique rose, pour le maire, la deuxième transparente, pour les députés fédéraux, et la troisième, de couleur rouge, pour l'élection des députés locaux.
Mais l'Etat de Morelos vit depuis cinq ans dans un climat d'insécurité qui peut avoir des répercussions sur les électeurs. « Ici, face à tant de violence, on a peur de sortir de chez soi. Mais bon. On doit dominer nos craintes et aller voter. Pourquoi ? Parce qu'on ne peut pas sortir au coin de la rue, ou aller dans n'importe quel endroit sans courir le risque d'être enlevé ou qu'on s'en prenne à notre famille, ou qu'ils nous disent 'Tu votes untel ou ta famille aura des problèmes...' », confirme Froylan Dominguez, au sortir des urnes.
En raison de la présence de cartels de la drogue dans cette région, certains électeurs, comme Ignacio Cataluna, n'écartent pas une possible intervention du crime organisé dans le processus électoral. « Tout le monde sait ici qu'il y a beaucoup de narcotrafic. Et je m'imagine que malgré tout, il y a probablement des gens soumis... Je ne sais pas mais il doit y avoir quelque chose comme ça », avance-t-il.
Preuve quela violence n'est pas absente de ces élections, une bombe artisanale a été lancée dans le courant de la journée de ce dimanche contre un bureau de vote de Morelos, blessant un fonctionnaire électoral. Des incidents se sont également déroulés dans les Etats d'Oaxaca et du Guerrero. Des parents des 43 étudiants probablement assassinés l'an dernier par un cartel lié au pouvoir local se sont emparés de matériel électoral, à Tixtla, dans le Guerrero. L’élection a été annulée. A Huantla de Jimenez, dans l'Etat d'Oaxaca, des enseignants qui se sont mobilisés contre une réforme de l'Education ont menacé de bloquer le scrutin. Ils ont incendié une vingtaine d'urnes électorales dans plusieurs bureaux de vote, ainsi qu'un bus, abandonné en travers d'une autoroute.