Mexique: une loi anticorruption qui garantit l'immunité présidentielle

Le Congrès mexicain a approuvé la création d'un nouveau système national anticorruption. Son objectif : prévenir, surveiller et sanctionner administrativement tous les actes de corruption commis non seulement par des fonctionnaires, mais aussi par des entreprises et des particuliers. Mais le président Peña Nieto et ses ministres ne pourront pas être poursuivis.

Avec notre correspondant à Mexico, Patrick John Buffe

Le système anticorruption est beaucoup trop limité. C'est la critique qu'adressent les membres de l'opposition mexicaine à la réforme qui vient d'être adoptée. A leurs yeux, elle ne permettra pas de lutter efficacement contre la corruption qui gangrène l'Etat mexicain et lui coûte chaque année plusieurs milliards d'euros.

Avec cette nouvelle loi, le Mexique espère diminuer les niveaux très élevés de corruption que connaît le pays. Mais la nouvelle loi ne s'appliquera pas de manière identique pour tous, et institue un système de deux poids, deux mesures. S'il est vrai que, de manière générale, elle vise à sanctionner les fonctionnaires, elle n'est ainsi pas applicable aux ministres, aux gouverneurs, aux maires et aux législateurs, à moins que le Parlement ne lève leur immunité.

Pas de poursuite possible contre le président

Quant au président, il échappera totalement à cette loi. Il sera impossible de le poursuivre pour des actes de corruption, conformément à la Constitution que les parlementaires du PRI, le parti au pouvoir, ont refusé de modifier.

L'immunité dont il jouit met donc à l'abri le président Peña Nieto de toute poursuite administrative ou pénale. Une immunité qui l'arrange d'autant plus que, depuis quelques mois, il est montré du doigt par les médias pour un conflit d'intérêts. Sa femme et le ministre des Finances ont en effet été accusés d'avoir acquis à un bon prix de luxueuses propriétés, que leur a vendues un entrepreneur bénéficiaire de contrats gouvernementaux.

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