Venezuela: l’opposition à Maduro peine à fédérer

Cela faisait trois mois que l'opposition n'avait pas manifesté à Caracas. Une « marche des marmites vides » était organisée ce samedi, un slogan pour dénoncer la pénurie qui règne dans le pays. Mais le constat est clair : l'opposition peine à rassembler depuis les protestations massives qui se sont déroulées il y a presque un an maintenant. En effet, malgré la présence de plusieurs leaders, quelques milliers de personnes à peine étaient présentes ce samedi à Caracas.

Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez

A l'arrière du rassemblement, Barbara semble totalement désabusée : étudiante en économie, elle se rappelle des manifestations monstres de l'an dernier qui contrastent avec la marche de ce samedi 24 janvier. Une lassitude qui semble l'emporter à cause de la peur de la répression. Mais c'est surtout selon elle la faute à l'opposition incapable de capitaliser le mécontentement dans le pays.

« Les gens ont perdu l'envie de descendre dans la rue parce qu'ils ont peur à cause des morts lors des manifestations de février dernier et à cause de tous ces étudiants emprisonnés, affirme-t-elle. Le problème, c'est que les gens n'ont plus confiance en la politique. Moi aussi, j'ai perdu cette confiance : je suis ici parce que je veux me battre pour mon pays, pas pour des hommes politiques. Il y a une telle crise, que faire une marche et parler de ce qu'a dit récemment Nicolas Maduro, ce n'est plus ça qui fera changer les choses. »

Attendu par tous, Henrique Capriles était bien présent mais il ne s'est pas exprimé face à la foule. Une surprise alors même que l'ancien candidat de l'opposition lors de la dernière élection présidentielle appelait depuis plusieurs jours à « manifester dans la rue ». Pour Marcos, lui aussi étudiant, c'est la preuve qu'il n'est plus le leader de l'opposition : « Comme c'est lui qui a convoqué cette manifestation, il aurait dû être le premier à prendre la parole. Il s'y était engagé et il y avait beaucoup d'attentes. Il devait s'exprimer comme leader, surtout dans l'Etat de Miranda où nous nous trouvons aujourd'hui dont il est gouverneur. C'est un homme politique usé. C'est surtout grave parce qu'il laisse dans l'expectative plus de la moitié du peuple vénézuélien. »

Des détonations aux abords du rassemblement ont provoqué des vagues de panique accélérant la fin de la manifestation.

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