Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzales
Pour les Vénézuéliens, cette rentrée est très compliquée : à l’inflation qui a marqué 2014 avec un nouveau record - +63% - vient s’ajouter une forte pénurie des produits de première nécessité, particulièrement visible en ce moment. Au moins 2 saccages de magasins semblent avoir eu lieu ces derniers jours dans certaines villes du pays. Caracas reste pour l’instant épargnée, mais les files d’attente interminables devant les magasins se multiplient et la tension monte dans la capitale.
Adriana Suarez fait partie des chanceux de la journée : dans ce magasin à l’est de la capitale Caracas, il n’aura fallu qu’une demi-heure pour que les étalages de lessive ne se vident. Trois heures d’attente avec l’angoisse que tout dégénère dans le magasin. « Dès que la lessive est arrivée, c’était la folie, témoigne-t-elle. Les gens se disputent, ils s’insultent. Il y a vraiment beaucoup de tensions, parce que tous les jours il faut être là très tôt pour faire la queue. J’ai 3 enfants et quand je fais la queue, j’ai très peur qu’à n’importe quel moment, il y ait un saccage. Il y a beaucoup de risques. »
Trop c’est trop : Julia Caldera se refuse à attendre davantage. Depuis plusieurs semaines, elle a mis au point un système D pour s’en sortir face à la pénurie. Mais sa patience a des limites. « Ce que je n’ai pas, je le remplace par autre chose, explique-t-elle. Je n’ai pas de lessive alors quand je me douche, je lave mon linge avec du gel douche, ou avec du shampoing. C’est mon quotidien depuis un mois et demi. » Et de poursuivre : « Il faut un changement rapide. Si on me dit d’aller dans la rue, je suis prête à aller manifester contre le gouvernement. Et si on me le demande, je suis prête à donner ma vie pour mon pays. »
Et justement, le leader de l’opposition Henrique Capriles a appelé à manifester pacifiquement dans la rue, même si aucune date n’a pour l’instant été communiquée.
Nicolas Maduro, en visite à Alger, veut faire front pour enrayer la chute des cours du pétrole
Le président vénézuélien est venu s'entretenir avec son homologue Abdelaziz Bouteflika de la chute des cours du pétrole, qui sont tombés à moins de 50 dollars le baril. Avant l'Algérie, Nicolas Maduro s'est rendu en Iran. Son objectif : mener au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) un front diplomatique favorable à une action pour enrayer la chute des prix. Mais l'alliance avec l'Algérie n'est pas très solide, et même avec le soutien de l'Iran, c'est au final plutôt une alliance des faibles qui se profile. Il en faudra plus pour faire pression sur l'Arabie Saoudite, premier producteur et exportateur de pétrole au monde, avec 750 milliards de dollars de réserves. Le royaume est prêt à maintenir ses niveaux de production, même si les prix tombent à 20 dollars le baril.
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