Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
Il était attendu au tournant. Le 30 décembre dernier, Nicolas Maduro avait annoncé « un nouveau système de change » à venir. Depuis, les rumeurs allaient bon train. Beaucoup d'économistes demandaient plus de flexibilisation. Signe que le sujet est sensible, le président vénézuélien devait initialement s'exprimer mardi 20 janvier et sa présentation avait été repoussée au lendemain. Mais après sa prise de parole, la question est désormais tranchée : le secteur privé vénézuélien jouera de nouveau tout son rôle dans l'économie du pays.
Il y aura toujours trois taux de change officiels pour obtenir des dollars au Venezuela. Mais avec une nouveauté : l'introduction d'un marché qui deviendra « un système de bourse où viendront concourir le secteur public mais aussi privé », affirme le président. Or, dans ce pays de révolution socialiste, parler de secteur privé et de bourse, même de manière « transitoire » comme l'a promis M. Maduro, est en soi une « petite révolution », quand on sait par exemple que les caisses à financement privé avaient été interdites sous le gouvernement d'Hugo Chavez.
Avec un budget fixé sur un baril vénézuélien d'une valeur de 60 dollars, Nicolas Maduro n'a donc plus le choix. L'autre principale source de financements pourrait être une hausse du prix de l'essence, jusque-là très bon marché dans ce pays où une bouteille d'eau coûte plus cher qu'un plein. Aussi, les poids lourds du gouvernement tâtent le terrain depuis six mois. Mais avec une popularité en chute libre, à 22% selon un dernier sondage, l'étau se resserre chaque jour un peu plus pour le chef de l'Etat. Cependant, mercredi soir, Nicolas Maduro persiste et signe : « Le débat sur le prix de l'essence aura bien lieu », « quitte à être crucifié », dit-il.
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