Avec notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode
« Stop à la violence », « s’il m’aime, il ne me tue pas », ou encore « à bas les juges et les policiers corrompus », ce sont quelques-uns des slogans scandés par les manifestants. Ils portent de grandes croix roses en polystyrène avec le nom de femmes assassinées inscrit dessus.
Les militantes féministes ont remonté l’avenue principale de La Paz et ont bloqué la circulation automobile en observant une minute de silence. La fille d’Elvira a été tuée il y a à peine un mois, elle raconte : « Ma fille a été tuée par son concubin, et maintenant je veux que la justice s’occupe de cet assassin, je ne veux pas qu’il sorte de prison. Les juges et les procureurs ne nous écoutent pas, ils se font acheter. »
« Une justice patriarcale et machiste »
Depuis le début de l’année, 169 femmes ont été assassinées sur le territoire national dont une grande majorité tuée par leur compagnon ou ex-compagnon, d’après une étude publiée par le Centre d’information et de développement de la femme. Sa directrice, Mary Marca, explique : « Il existe une justice patriarcale et machiste qui empêche qu’il y ait de véritables sanctions à l’encontre des assassins féminicides. C’est pour cela que nous nous mobilisons, pour que les lois ne restent pas à l’état d’un simple discours politique. »
Une loi a bien été votée l’an passé pour faire face à ce phénomène. Le texte inscrit pour la première fois le féminicide dans le Code pénal bolivien, un crime qu’il punit de trente années de prison. Mais, faute notamment d’un véritable budget pour faire appliquer cette loi, l’impunité continue de prévaloir.