Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
C’est le compte à rebours final pour l’Argentine, dans son conflit avec les fonds spéculatifs qui ont obtenu d’un juge américain une sentence l’obligeant à payer la totalité de la dette à leur égard, soit 1,3 milliard de dollars. Faute d’un accord avec ces fonds ou d’une décision du juge lui permettant de payer d’autres créanciers, l’Argentine sera officiellement en cessation de paiement ce mercredi 30 juillet, 13 ans après un retentissant défaut sur l’ensemble de sa dette. Une situation dont elle s’était sortie par des accords avec la majorité des créanciers, il y a quelques années. Mais la présidente Cristina Kirchner joue la montre.
L’objectif de l’Argentine est que le juge débloque l’argent qu’elle a versé le 30 juin pour payer leur dû aux créanciers qui ont accepté les restructurations de dette de 2005 et 2010. Si tel n’était pas le cas, ce mercredi 30 juillet à minuit - passé le délai de grâce de 30 jours - elle sera techniquement en défaut de paiement.
L'Argentine veut payer, mais ne peut pas
Techniquement, parce que l’Argentine peut et veut payer, mais le juge l’en empêche. Le gouvernement de Cristina Kirchner veut étendre les négociations avec les fonds spéculatifs jusqu’au 31 décembre, afin de ne régler qu’en 2015 les 1,3 milliard de dollars qu’elle doit leur payer selon la sentence du juge.
Pourquoi en 2015, alors qu’il pourrait le faire dès aujourd’hui ? Parce qu’il craint que les créanciers qui ont accepté les restructurations, qui représentent 93 % de la dette pour laquelle l’Argentine s’était déclarée en cessation de paiement en 2001, ne réclament le même traitement que les fonds « vautours ». Ceci, en vertu d’une clause qui lui interdit jusqu’à fin 2014 de faire une meilleure offre aux investisseurs qui n’ont pas accepté les décotes de 2005 et 2010.
Ce serait l’intérêt de toutes les parties qu’il n’y ait pas de défaut technique ce 30 juillet. Mais, si cela devait arriver, la situation serait très différente de celle de 2001, quand l’Argentine ne pouvait vraiment pas payer ses dettes.