Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
En 2005 et 2010, la majorité des créanciers de l’Argentine, détenant ensemble 93% de la dette en cessation de paiement depuis 2001, ont accepté d’être remboursés avec une importante décote. Ceux qui ont refusé l’accord sont principalement des fonds spéculatifs qui avaient racheté des titres argentins à bas prix.
Et deux d’entre eux ont obtenu d’un juge américain que l’Argentine soit condamnée à leur payer 1,4 milliards de dollars, 800% de plus que leur mise initiale. La présidente Cristina Kirchner s’y refuse. Au nom de l’éthique et du traitement égalitaire de tous les créanciers, mais aussi parce que c’est 15 milliards de dollars, plus de la moitié des réserves de change du pays, qu’il faudrait débourser si les autres fonds s’adressaient à la justice.
Défaut de paiement ?
La sentence interdit à l’Argentine de continuer à rembourser les créanciers qui ont accepté la restructuration si elle ne paie pas les fonds spéculatifs. Le rejet de celle-ci mettrait ainsi l’Argentine en défaut de paiement. Non parce qu’elle ne pourrait pas payer, mais parce qu’on l’empêcherait de le faire.
Pourtant, la présidente a exclu un nouveau défaut de paiement. Selon les experts, cela veut dire que l’Argentine va négocier avec les fonds spéculatifs. Et que le juge pourrait leur faire accepter de ne pas être payés cash mais par des titres à longue échéance.