Ange ou démon, Rosa del Carmen Verduzco a consacré toute sa vie aux enfants des rues. Issue d’une riche famille d’industriels de la ville de Zamora, elle a 13 ans quand elle commence à leur venir en aide. Et peu à peu, Mama Rosa s’impose comme une autorité locale. Elle donne un toit et une éducation aux enfants pauvres. Peu soucieuse des conventions, elle adopte même nombre d’entre eux, qui portent aujourd’hui son nom.
Mais son caractère autoritaire et ses éclats de voix inspirent également la terreur. De fait les conditions de vie spartiates imposées à ses pensionnaires semblent s’être transformées en enfer au fil des années. La semaine dernière, les autorités ont retrouvé chez Mama Rosa des enfants privés de nourriture, vivant parmi les immondices, victimes de mauvais traitements voire de viols.
Une enquête est en cours. Six employés de l'établissement ont été incarcérés. La justice doit répondre à de nombreuses questions. Celle qui a su gagner le respect et le soutien du président Vincente Fox ou de l’écrivain Jean-Marie Le Clézio a-t-elle couvert ces agissements ? Ou bien l’octogénaire a-t-elle perdu le contrôle de son institution, qui accueillait jusqu'à 600 personnes ? Mais la justice devra également dire pourquoi les autorités ont tant tardé à découvrir la réalité de la Grande Famille.