Etats-Unis: naturalisations à la Maison Blanche, tensions dans le Sud

Ce vendredi 4 juillet, les Etats-Unis ont célébré leur fête nationale, qui est traditionnellement l’occasion d’organiser à la Maison Blanche des cérémonies de naturalisation. Barack Obama en a profité pour prononcer un nouveau discours en faveur d’une loi de régularisation des 12 millions de sans-papiers.

Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio

Ils étaient 25, venus de tous les continents, à promettre fidélité à la Constitution américaine, en présence de Barack Obama. Au même moment, au Texas et en Californie, des groupes antimigrants manifestaient à nouveau pour demander aux autorités de renvoyer chez eux, sans autre forme de procès, les clandestins qui passent la frontière de plus en plus nombreux.

Le président des Etats-Unis a prononcé un discours très politique, visant à relancer une loi jusque là bloquée au Congrès. « L’idée simple d’accueillir des immigrés sur nos rivages est au cœur de notre manière de vivre, a insisté le président. C’est notre ADN. C’est pourquoi, si nous voulons continuer à attirer les meilleurs, au-delà de nos frontières, nous devons réparer notre système d’immigration, qui est inepte, et voter une réforme de l’immigration qui a un sens. »

Les incidents se multiplient dans le Sud, et les républicains ont promis de poursuivre Barack Obama pour abus de pouvoir, puisque le président a annoncé son intention de légiférer par décret sur ce dossier (→ À (RE)LIRE : Réforme de l'immigration aux Etats-Unis: Obama passera en force). Organisations d’aide aux migrants et partisans d’un renvoi immédiat se faisaient face à la frontière entre la Californie et le Mexique dans une hostilité manifeste.

À la Maison Blanche, pendant ce temps, on prêtait serment.


Aux Etats-Unis, l'arrivée massive d'enfants non accompagnés en provenance d'Amérique Centrale et du Mexique a provoqué un engorgement des centres de rétention. Depuis octobre dernier, on estime que 52 000 enfants non accompagnés ont traversé la frontière. Le président Barack Obama a qualifié cet afflux de crise humanitaire.

Des images d'enfants entassés dans des hangars circulent sur Internet. La Croix Rouge Américaine a dû fournir des kits et des couvertures. Mais selon plusieurs organisations locales qui travaillent sur les droits des migrants, le danger vient surtout du fait qu'Obama tente d'assouplir les règles des expulsions à des fins politiques, en visant les élections de mi-mandat en novembre. C'est l'avis de Rogelio, directeur de Proyecto Libertad, basée à Harlingen au sud-est du Texas près de la frontière mexicaine.

« Ceux qui rentrent ici au sud du Texas viennent surtout d'Amérique centrale : Honduras, Salvador, Guatemala. Ils bénéficient d'une protection grâce à la loi de 2008 qui protège les enfants non accompagnés à qui les autorités peuvent octroyer un hébergement ou qui restent en centre de détention, et qui bénéficient d'un accompagnement juridique. Ces enfants fuient la violence dans leur pays d'origine et au Mexique. 25% de ceux qui arrivent ici sont Mexicains, et ceux-là sont déportés au bout de 72 heures, ce que nous contestons, car on les renvoie dans les mêmes contextes de violence qui existent en Amérique Centrale. Alors il est vrai qu'il n'y a plus de place pour accueillir les enfants. Mais nous contestons le fait que, concernant les mineurs d'Amérique centrale, le président Obama veuille que le Congrès l'autorise à déporter les Honduriens de la même manière qu'ils le font avec les Mexicains. Donc au lieu d'élargir la loi de 2008, il veut la modifier pour pouvoir expulser rapidement ces enfants, comme ce qu'il a fait au cours de ces six dernières années, en renvoyant 2,2 millions de migrants. »

Propos recueillis par Véronique Gaymard

→  À (RE)LIRE : Barack Obama sous pression des associations d'aide aux migrants

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