En Colombie, le gouvernement annonce des négociations avec l'ELN

En pleine campagne électorale pour le second tour de l’élection présidentielle, le gouvernement colombien révèle que des discussions de paix approfondies s'ouvrent avec l'ELN, deuxième mouvement de guérilla du pays. Des négociations sont déjà en cours entre les FARC et le gouvernement à Cuba. L’opposition crie à la manœuvre électorale.

Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Deteuf

Faut-il négocier avec les guérilleros ? La question polarise le débat électoral en Colombie. Pour le parti libéral, les intellectuels, la gauche, l’ouverture de négociations avec l’ELN est évidemment une bonne nouvelle, tous les électeurs de Santos s’en sont félicité, l’ONU aussi.

Le communiqué conjoint du gouvernement et de la guérilla est pourtant très prudent. Il parle de « phase exploratoire en vue d’un processus de paix ». Mais à droite, les dents grincent déjà en premier lieu parce que l’idée de négocier avec des terroristes a toujours été mal vue. Oscar Ivan Zuluaga, candidat de droite soutenu par l'ancien président Uribe, n’a cessé de critiquer les négociations en cours avec les FARC et accuse Juan Manuel Santos de livrer le pays au « castrochavisme », autrement dit au communisme.

« Opportunisme électoral » dénonce l'opposition

Autre sujet de récrimination de la part des conservateurs : le calendrier. Les pourparlers avec l’ELN durent en effet depuis des mois mais le communiqué conjoint tombe, comme par hasard, entre les deux tours des présidentiels. « L’opportunisme du gouvernement a de quoi dégoûter », a déclaré Marta Lucia Ramirez du Parti conservateur, arrivée en troisième position au premier tour du scrutin et qui accompagnait Oscar Ivan Zuluaga dans la dernière ligne droite de la campagne. 

Mais il n’est pas sûr que les négociations avec l’ELN, qui ne représentent plus que quelque 2500 contre 8000 pour les FARC, pèsent dans les urnes en faveur de Santos.

Partager :