Avec notre envoyé spécial à Mexico, Florent Guignard
François Hollande ne s'en cache pas : s'il est venu au Mexique, c'est aussi pour chercher de la croissance, ce Graal qui sauverait son quinquennat. Une délégation fournie de patrons français accompagne le président avec des ambitions affichées. Depuis les réformes libérales du président Enrique Pena Nieto, les secteurs de l'économie mexicaine vont s'ouvrir aux capitaux étrangers, notamment dans les transports et l'énergie. Ce vendredi, M. Hollande a donc conclu un forum économique franco-mexicain en appelant les entreprises françaises à dépasser leur frilosité au Mexique :
« La France n'est que le neuvième investisseur au Mexique, alors qu'elle est son premier ami, note le président français. Ce que nous avons décidé avec le président Pena Nieto, c'est de doubler nos échanges commerciaux d'ici 2017. Bien sûr, ce n'est pas l'Etat, celui du Mexique ou de la France, qui fixe chaque année le montant des exportations et des importations, ça n'existe nulle part ! Donc, ce sont les entreprises qui doivent être maintenant soutenues, accompagnées, entreprises françaises, entreprises mexicaines, afin que nous atteignions des résultats qui correspondent à ce que notre histoire nous commande et notre amitié exige. »
« Avant, ce n'était pas bien fameux et on en sait les raisons »
Des investissements français au Mexique, mais aussi mexicains en France, avec un objectif clairement affiché, donc : doubler les échanges. « Nous avons besoin de plus d'échanges entre nous, avait déjà assuré François Hollande plus tôt lors de sa visite. Aujourd'hui, les échanges entre la France et le Mexique représentent quatre milliards d'euros, certes en progression de près de 15% en 2013. C'est donc qu'avant, ce n'était pas bien fameux. Et on en sait les raisons... »
Les « raisons » ? Le chef de l'Etat parle bien sûr de la brouille diplomatique suscitée par l'affaire Cassez et les pressions exercées par Nicolas Sarkozy sur la justice mexicaine à l'époque. Car deux ans après la présidentielle de 2012, et même à 9 000 kilomètres de Paris, François Hollande ne laisse jamais passer l'occasion de charger son prédécesseur et éternel adversaire.
Mais l'actuel locataire de l'Elysée est lui aussi rattrapé par un possible sujet de discorde entre la France et le Mexique : l'affaire Versini. Sauf que cette affaire n'est pas l'affaire Cassez. En témoigne la lettre de soutien remise en main propre à François Hollande par un groupe de sénateurs mexicains. Trente-et-un d'entre eux ont demandé à la France d'intervenir en faveur de Maude Versini, séparée de ses enfants par leur père.
« Une affaire privée qui n'est pas à l'agenda de notre rencontre »
Ce geste aurait été inimaginable à l'époque pour Florence Cassez, qui avait l'unanimité contre elle au Mexique. Le cas de Maude Versini n'est cependant pas une affaire criminelle mais relève de ce que François Hollande appelle un « drame conjugal ». Après le tweet de soutien de son ex-compagne Valérie Trierweiler, le président français a étrangement choisi de médiatiser lui-même l'affaire Versini lors du voyage, en assurant que « la France n'abandonne personne ».
Mais dans ce dossier, Paris marche sur des œufs et plaide pour une solution humaine dans le respect des procédures judiciaires, contrairement à Nicolas Sarkozy qui avait multiplié les pressions en faveur de Florence Cassez. L'affaire Maude Versini s'est invitée dans le voyage d'Etat, mais hors de question pour autant qu'elle parasite les retrouvailles franco-mexicaines. D'ailleurs, le président Enrique Pena Nieto l'a dit : « Cette affaire privée n'est pas à l'agenda de notre rencontre. » Une affaire d'autant plus délicate que le père des enfants de Maud Versini est l'ancien gouverneur de Mexico, très proche du président mexicain.