« Ouvre un Coca-Cola, ouvre du bonheur », proclame le slogan du géant d’Atlanta qui vend sa fameuse boisson ambrée à la terre entière, à l’exception notable de la Corée du Nord et de Cuba, depuis 127 ans. Rien ne semble pouvoir freiner l’expansion du Coke sauf peut-être ce qu’en disent certains nutritionnistes qui se posent des questions sur les effets à long terme de l’aspartame, un sucre artificiel sans calories, contenu dans le Coca-Cola Light et Zero.
Qualité et bien-être
L’inquiétude autour de l’aspartame s’avère de plus en plus en plus partagée. Au point d’avoir fait reculer les ventes du Coca Light de 3% en 2012 par rapport à l’année précédente ; le Coca normal a aussi reculé de 1% pendant la même période alors que le concurrent de toujours, Pepsi et sa version light, perdait lui aussi 6,2%. De quoi faire tonner la puissante armada communicante de la firme d’Atlanta qui vient de lancer ce mercredi sa contre-offensive. Objectif : certifier l’innocuité de l’aspartame.
Coca-Cola s’appuie, pour sa riposte, sur plus de 200 études publiées en quarante ans qui garantissent la sûreté de l’aspartame. Plusieurs quotidiens américains ont publié les encarts publicitaires de la compagnie qui montrent deux jeunes femmes, partageant Coke et sandwich dans la bonne humeur comme il se doit, avec pour slogan : « Des produits de qualité qui vous comblent toujours de bien-être ».
Une affirmation qui est de plus en plus contestée par des spécialistes de la nutrition notamment, pour qui le fameux E951 le nom de code de l’aspartame, destiné surtout à diminuer les apports en sucre et largement plébiscité par ceux qui veulent contrôler leur poids, s’avère être un piège.
C’est ce que constate Karen Congro, nutritionniste au centre hospitalier de Brooklyn qui rappelle que les édulcorants sont soupçonnés d’être à l’origine des envies incontrôlées de sucre et par conséquent de favoriser l’obésité et une alimentation déséquilibrée. L’aspartame agirait comme un leurre sur le cerveau qui enregistre la saveur sucrée, mais sans les calories qui vont normalement avec. C’est pourquoi, l’organisme aurait besoin de toujours plus de sucre pour ajuster la perception du goût sucré aux calories ingérées.
Méfiance
La pression exercée sur les industriels des boissons sucrées ou édulcorées se fait de plus en plus forte. Consommateurs et élus veulent en limiter la consommation, inquiets du rôle qu’elles jouent dans l’épidémie d’obésité notamment aux Etats-Unis. Mais ce n’est pas tout, une étude publiée en début d’année par la revue American Journal of Clinical Nutrition est venue ajouter un élément au dossier en défaveur de l’aspartame. Les chercheurs de l’Inserm, auteurs de l’article, montraient que les femmes qui consommaient de préférence des sodas light présentaient un risque deux fois plus élevé de développer un diabète de type 2 par rapport à celles qui buvaient des sodas normaux.
Si le lien de cause à effet n’a pas pu être établi, il n’en reste pas moins vrai que cela prêche pour la nécessité de mener des études supplémentaires sur les composants des boissons contenant des édulcorants. D’autant plus que le soupçon pèse aussi sur le rôle que pourrait jouer l’aspartame dans la survenue de cancers ou de maladies cardiaques.
Introduit dans l’alimentation humaine depuis trois décennies, cette molécule est contenue dans près de 5 000 produits à travers le monde ; pour la seule entreprise Coca-Cola, les boissons sans calories ou à teneur réduite en calories représentent plus de 50% de ses ventes. L’aspartame est aussi un des additifs alimentaires les plus étudiés. Mais de toute évidence, comme le montre la chute des ventes chez Coca-Cola et ses concurrents, cela ne suffit pas à lever la méfiance des consommateurs.