Avec notre correspondant à Mexico, Patrice Gouy
Le ministère public a demandé une peine de 75 ans de prison pour génocide et délit de lèse humanité pour les généraux Efraín Ríos Montt et José Rodríguez Sánchez. Le juge d’instruction a argumenté que les témoins, les enquêtes et les documents militaires ont apporté les preuves que ces deux hommes avaient bien l’intention d’éliminer l’ethnie Ixil de la région Quiché.
Dans un plaidoyer de 54 minutes, le général Rios Montt a une fois de plus nié sa responsabilité. « Je n’ai jamais autorisé, jamais signé, jamais proposé, jamais ordonné que l’on porte atteinte à une race, à une ethnie ou à une religion, a-t-il affirmé. Je ne l’ai jamais fait et il n’existe aucune preuve de ma participation à ce dont on m’accuse. Je me suis présenté volontairement devant le ministère public pour être jugé mais je refuse que l’on m'accuse de génocide car je n'ai jamais rien fait dans ce sens, je n’ai jamais rien revendiqué et je n’en ai jamais eu l’intention. »
Suite à ce discours, la présidente du tribunal Carole Flores a suspendu l’audience, qui ne reprendra que samedi prochain (le 18 mai). Les avocats de Rios Montt cherchent à gagner du temps pour faire annuler l’accusation de génocide. Ce procès est en fait un bras de fer entre l’armée, soutenue par l’oligarchie et le gouvernement, et une société civile qui cherche à rétablir l’Etat de droit en faisant condamner les responsables d’une guerre civile qui a fait 200 000 victimes. Il n’est pas certain que la juge Carole Flores puisse résister aux pressions et maintenir le procès conformément aux normes d’une justice indépendante.