Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Les habitants des Falklands veulent-ils ou non rester dans le giron de la Grande Bretagne ? La réponse à cette question est tellement évidente, alors que la majorité des 3000 résidents sont d’origine britannique, qu’elle redouble la rage des autorités argentines et peine à intéresser les Britanniques eux-mêmes.
A part le gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron qui multiplie les gestes et déclarations fermes en faveur de ses lointains cousins, peu de gens s’émeuvent de ce référendum. Un sondage Yougov réalisé à la veille du scrutin montre que seulement 1% des Britanniques estime que le devenir des Malouines est une question internationale importante. Certes, la mère patrie est fière d’avoir reconquis il y a 31 ans l’archipel au prix d’un conflit sanglant qui a fait quelque 900 morts, mais les Falklands sont à l’autre bout de l’Atlantique et surtout ce référendum ne résoudra pas le différend avec l’Argentine sur la souveraineté du territoire.
Néanmoins, pour les habitants des Malouines l’important est d’adresser un message fort à Buenos Aires et aussi de faire avancer leur cause aux yeux de la communauté internationale.
Une manipulation pour les Argentins
avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Une tentative de manipulation, c’est ainsi que l’Argentine a qualifié le référendum aux Malouines. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères affirme que cette consultation des Britanniques implantés dans les îles ne respecte pas les résolutions des Nations unies, selon lesquelles les Malouines font l’objet d’une dispute de souveraineté entre deux pays qui doit être résolue de manière bilatérale.
Ainsi, selon Juan Recce, directeur du Centre argentin d’études internationales, «les Nations unies ont clairement exprimé que c’est un différend qui doit être résolu bilatéralement. Du point de vue juridique, il n’y a que deux parties au conflit, deux états. Et les habitants des îles font partie du Royaume-Uni. Juridiquement, ce référendum est nul et non avenu. »
Du point de vue du droit, la position argentine est solide, mais le Royaume-Uni cherche à brouiller les cartes en mettant en avant la volonté des 1 600 habitants des îles. « Pour être colonialiste au 19° siècle, il suffisait d’avoir de bons canons et une bonne flotte. Aujourd´hui, il faut avoir une cause, censé être légitime, en l’occurrence, l’autodétermination des peuples » poursuit Juan Recce.
Craignant que l’invocation du principe d’autodertémination n’ébranle certains pays, l’Argentine lancera d'ailleurs une offensive diplomatique dans les prochaines semaines.