Mexique: Barack Obama reçoit le président élu Enrique Peña Nieto

Le nouveau président du Mexique, Enrique Peña Nieto, qui prendra ses fonctions samedi 1er décembre, a rendu visite pour la première fois, ce mardi 27 novembre 2012, à son homologue américain Barack Obama dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington. Il a également rencontré les leaders du Congrès et, en réunion privée, Janet Napolitano, secrétaire de la Sécurité Nationale.

Le président Peña Nieto est décidé à réviser de A à Z l’agenda bilatéral entre le Mexique et les Etats-Unis. Il estime que Felipe Calderón a réduit la relation diplomatique à la seule Initiative Merida signée entre les deux pays pour lutter contre les cartels de la drogue. Il a profité de cette première rencontre de 15 minutes avec le président Barack Obama pour lui montrer que la diplomatie mexicaine va changer d’orientation. La politique extérieure du président Felipe Calderón a été erratique. Elle s’est caractérisé par une grande incompétence avec la nomination d’amis politiques aux postes d’ambassadeurs et une série d’erreurs qui ont certainement fait perdre une grande partie du leadership qu’avait le Mexique en Amérique latine.

Les cartels, thème de sécurité nationale

La première mais très brève rencontre entre les deux président s’est déroulée dans une ambiance de franc dialogue. Barack Obama a déclaré que le Mexique était un pays très important pour les Etats-Unis. Enrique Peña Nieto a affirmé que la réduction de la violence serait l’une de ses priorités. Il propose à son puissant voisin de travailler conjointement sur ce problème. Il s’agit pour le président mexicain de donner des marques de confiance et de trouver un nouvel équilibre car Washington a toujours une grande méfiance envers les institutions mexicaines, qui manient souvent un double discours.

Le nouveau président hérite d’un pays miné par les organisations criminelles qui se sont multipliées et qui au lieu d’affaiblir les cartels les ont fortifiés. Pour les Etats-Unis, les cartels mexicains sont un problème de sécurité nationale car ils opèrent déjà dans 250 villes américaines. La Maison Blanche craint que les cartels n’importent la violence au Nord en se livrant à une guerre des territoires pour s’assurer la distribution des drogues aux Etats-Unis.

La politique de Felipe Calderón, soutenue activement par Washington ces six dernières années, n’a pas porté les fruits espérés. Sa guerre a fait 60 000 morts et 12 000 disparus au Mexique, violant souvent les droits de l’homme. Enrique Peña devra donc proposer un autre plan. Il a rencontré en privé la secrétaire de la Sécurité, Janet Napolitano. Au moment où les Etats du Colorado et de Washington ont décidé de dépénaliser la production, la vente et la consommation de marijuana, le président mexicain a réaffirmé sa position. Il refuse catégoriquement de légaliser les drogues, estimant que c’est une erreur de changer les règles du jeu de manière unilatérale.

Partenaire commercial

Enrique Peña Nieto a rappelé à son interlocuteur l’étroite relation économique qui lie leur pays à travers l’Alena, l’accord de libre échange nord-américain. Celui-ci permet chaque année des échanges commerciaux de 461 milliards de dollars. Mais surtout, grâce aux bas salaires payés au Mexique dans les usines de montage, il assure une certaine compétitivité aux entreprises américaines face aux produits chinois. Enrique Peña Nieto voudrait que le Mexique cesse d’être le parent pauvre de cet accord commercial. Il entend bien mettre dans la balance des négociations l’ouverture du pétrole mexicain au capital privé.

Reste toujours en suspens le thème de la migration, très douloureux pour le Mexique, même si l’émigration vers les Etats-Unis a considérablement baissé. Elle est passée de 400 000 personnes par an à moins de 20 000, mais plusieurs millions de sans papiers vivent et travaillent dans des conditions déplorables aux Etats-Unis.

Changement de doctrine

Enrique Peña Nieto veut modifier la politique étrangère du Mexique, un virage pour ne pas dire un coup de gouvernail. Il veut renforcer la présence internationale du pays à l’étranger pour fortifier les liens commerciaux avec un grand nombre de nations. La politique extérieure devrait donc être davantage orientée vers le multilatéralisme, avec une ouverture plus large vers les pays d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et de l’Union européenne afin de profiter de la stabilité macro-économique du Mexique pour favoriser davantage les coopérations et attirer de nouveaux investissements.

Avec les Etats-Unis qui ont toujours été un partenaire difficile, considérant que le Mexique est leur arrière cour, le prochain locataire de Los Pinos veut une relation respectueuse de la souveraineté mexicaine, c'est-à-dire être traité comme un partenaire à part entière.

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