New York plongé dans le noir, d'impressionnantes vagues hautes de plusieurs mètres, des villes entières sous les eaux, des arbres arrachés, des hôpitaux évacués : les images et des vidéos du désastre sont partout sur les premières pages des quotidiens américains. Cette catastrophe naturelle frappe les Etats-Unis à une semaine seulement de l'élection présidentielle.
Par conséquent, la question que tout le monde se pose aujourd'hui est celle de l'impact de Sandy sur le résultat du scrutin. Et chaque analyste, chaque éditorialiste a bien évidemment son avis sur le sujet. Le quotidien qui résume peut-être le mieux les possibles conséquences directes et indirectes de la tempête sur l'élection présidentielle, est le National Journal : « Sandy a complètement bouleversé la dernière ligne droite de la campagne électorale et avec elle les stratégies minutieusement orchestrées par les camps républicains et démocrates », écrit le journal. « Les deux candidats ont annulé leurs déplacements pour ce mardi. Leurs équipes de campagne ont également suspendu les appels aux dons lancés par internet dans les zones affectées par la tempête ».
Chaque candidat voulant éviter de donner l'impression de tirer un quelconque profit politique de la catastrophe, la sobriété est donc de mise. « Barack Obama a échangé le costume de président en campagne pour sa réélection contre celui de commandant en chef », écrit le Washington Post. « Sandy présente un test dangereux pour Barack Obama », estime de son côté le Los Angeles Times : « D'une manière générale, une crise nationale représente toujours une opportunité pour le président sortant de briller et de prouver sa capacité d'agir et de répondre aux besoins de ses concitoyens. Mais si jamais cette réponse n'est pas à la hauteur des attentes, la tempête historique risque de lui coûter un deuxième mandat ».
Pour son rival, Mitt Romney, la situation n'est pas sans risque non plus. « Le candidat républicain doit montrer sa compassion envers les Américains, sans pour autant donner l'impression de placer son intérêt politique au-dessus des souffrances des populations éprouvées par la tempête », analyse le Christian Science Monitor. « Du coup, Mitt Romney ne peut pas faire grand-chose d'autre pour l'instant que d'attendre de voir ce que les Américains pensent de la gestion d'urgence de l'administration Obama ».
Mais outre les risques pour leurs images respectives, Sandy pose aussi des problèmes très pratiques aux deux candidats. Notamment en ce qui concerne le processus de vote par anticipation qui a débuté déjà dans de nombreux Etats et qui se voit affecté par le passage de l'ouragan. « Le vote par anticipation profite historiquement surtout au camp démocrate », note le New York Times. « Ce sont surtout les populations défavorisées qui cumulent plusieurs emplois pour arrondir leur fin de mois et, qui du coup, n'auront pas forcément le temps de se déplacer le 6 novembre, qui choisissent ce mode de vote. Or, dans plusieurs Etats, comme la Virginie, la Caroline du Nord et le New Hampshire, les électeurs ne vont pas forcément braver les éléments pour aller voter dans les heures et jours à venir. Pour l'instant, le Maryland est le seul Etat où le gouverneur a officiellement annulé le vote par anticipation à cause des intempéries, mais d'autres pourraient être obligés de suivre son exemple », explique le quotidien qui conclut : « C'est une mauvaise nouvelle pour Barack Obama ».
Autre problème pour les deux camps, ce sont les Etats charnières, les fameux Swing States, qui votent tantôt républicain, tantôt démocrate. « Il n'y a aucun doute : les électeurs toujours indécis quant à leur choix le 6 novembre prochain, seront dans les jours à venir bien plus préoccupés par les conséquences de Sandy que par des messages politiques que pourraient leur envoyer Mitt Romney et Barack Obama », analyse le Boston Globe. « C'est un problème pour les deux camps qui doivent remporter un maximum d'Etats clés s'ils veulent remporter l'élection présidentielle. Alors comment convaincre les électeurs hésitants ? Il ne reste que très peu de temps aux deux candidats, et il n'est pas aisé [de savoir] à qui profitera ce coup d'arrêt de la campagne, imposé par une catastrophe naturelle », souligne le Boston Globe.
La question reste entière, qui entre Barack Obama et Mitt Romney a les meilleures chances de gagner après le passage de Sandy ? Pour vous répondre, je vais citer l'éditorialiste du New York Times qui se moque ouvertement de toutes ces tentatives de prévision en écrivant : « Sous les vents de Sandy, l'arbre devant ma fenêtre s'incline sur la gauche. C'est un signe clair en faveur de Barack Obama ! Mais mon voisin, qui habite de l'autre côté de la cour, voit le même arbre se courber à droite, une indication évidente pour Mitt Romney ! Peut-être devrions-nous arrêter de prendre un ouragan pour un voyant de notre avenir politique ? ».