Avec notre correspondant à New York,Karim Lebhour
La comparution d’Abou Hamza n’a duré que quelques minutes. Le juge fédéral de New York a lu les onze chefs d’accusation à l’encontre de celui que l’on surnomme « l’imam borgne », dont la collaboration à l’enlèvement par al-Qaïda de seize touristes au Yémen et une tentative de créer un camp d’entraînement sur le sol américain, dans l’Oregon.
Abou Hamza n’a pas dit un mot. Aucune indication sur son intention de plaider coupable ou non coupable. Son avocate a seulement réclamé que lui soient rendues les deux prothèses en forme de crochet qui lui servent de mains, confisquées à son arrivée aux Etats-Unis. Un Egyptien et un Saoudien comparaissaient également à New York. Ils sont accusés d’être impliqués dans les attentats de 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es Salaam. Ils ont plaidé non coupable.
L’extradition d’Abou Hamza vers les Etats-Unis met fin à 14 années de bataille judiciaire. L’organisation d’un procès prendra encore un à trois ans. Les Etats-Unis se sont engagés à ne pas requérir la peine de mort ou un transfert vers Guantanamo.
Un tournant pour la justice américaine. La comparution d’Abou Hamza et de ses deux co-accusés devant un tribunal de Manhattan à quelques encablures du quartier du World Trade Center marque un tournant pour la justice américaine. Les tentatives de l’administration Obama pour faire juger les responsables des attentats du 11 septembre 2001 -comme Khalil Cheikh Mohammed- devant des tribunaux civils à Manhattan ont été bloquées par le Congrès. La majorité républicaine a donné des raisons de sécurité et insisté pour que les terroristes présumés soient jugés sur la base de Guantanamo par des tribunaux militaires avec le statut d’ennemis combattants.
Abou Hamza est considéré par les autorités américaines comme un acteur central des activités terroristes d’al-Qaïda. Son procès, qui doit se tenir d’ici un à trois ans à Manhattan, aura donc une résonnance particulière. L’iman de Finsbury Park encourt la prison à vie. Car, pour obtenir son extradition, les Etats-Unis se sont engagés à ne pas réquérir la peine de mort.