Envoyé spécial à Charlotte,
En 2008, Barack Obama avait promis «le changement». Son élection triomphale, le 4 novembre de cette année-là, avait suscité l’espoir de dizaines de millions de personnes aux Etats-Unis, mais aussi à travers le reste du monde. Le jour de son inauguration avait même été décrété férié au Kenya, où le père de l’actuel président américain est né.
Quatre ans plus tard, et à neuf semaines du scrutin présidentiel, les sondages donnent Barack Obama et son opposant républicain, Mitt Romney, au coude à coude. Si l’actuel président est jugé nettement plus «aimable» (au sens plein du terme) que son concurrent, Mitt Romney est considéré, par beaucoup d’électeurs américains, comme plus compétent pour redresser l’économie du pays.
La semaine dernière, à Tampa, Mitt Romney n’avait qu’un seul objectif : se faire aimer des électeurs, se rendre plus humain. Cette semaine, à Charlotte, Barack Obama devra s’efforcer de convaincre les Américains que son bilan, après quatre années de pouvoir, est positif. Il doit rallumer la flamme et ce ne sera pas chose aisée.
Quatre années de batailles homériques au Congrès
Les militants démocrates aiment à le rappeler : immédiatement après la prestation de serment de Barack Obama, en janvier 2009, les cadres du parti républicain avaient tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils affirmaient qu’ils feraient tout pour que le nouveau venu à la Maison Blanche soit un «one-term president», le président d’un seul mandat. Autant dire qu’ils entendaient mener la vie dure à Barack Obama et à son administration.
De fait, les débats au Congrès ont été très souvent houleux ces quatre dernières années. Du plan de relance de l’économie au sauvetage de l’industrie automobile en passant par la fermeture de Guantanamo et la loi sur l’assurance-santé, chacune des réformes importantes lancées par l’administration Obama s’est heurtée à une opposition musclée du camp républicain. Depuis novembre 2010 et les élections de mi-mandat qui ont abouti à une majorité républicaine à la Chambre des représentants, le débat législatif est même quasiment au point mort aux Etats-Unis. Les démocrates crient à l’obstruction législative et les républicains répondent que l’administration Obama a disposé, de 2008 à 2010, d’une majorité confortable dans les deux chambres du Congrès et qu’elle n’en a rien fait.
8,3% de chômeurs aux Etats-Unis
Certes, Barack Obama restera le président qui a «tué Oussama Ben Laden» et «vengé l’Amérique» ; certes, c’est lui qui a relancé l’industrie automobile en injectant plus de 60 milliards de dollars dans le secteur ; mais au cours des 42 derniers mois, le chômage n’est pas passé sous la barre des 8% aux Etats-Unis. A moins de travailler chez Chrysler ou GM, les électeurs américains ont du mal à mesurer en quoi la politique menée ces quatre dernières années a pu changer leur quotidien ou, du moins, éviter que leur situation empire (comme cela aurait été le cas sans la politique menée par les démocrates, affirme l’entourage de Barack Obama). Et s’ils ne sont pas convaincus, les électeurs américains risquent d’opter pour le changement incarné, cette fois-ci, par Mitt Romney. Pire, pour l’actuel président : ils pourraient décider de ne pas se déplacer pour aller voter au mois de novembre.
Michelle Obama pour (re)conquérir le vote féminin
Cette semaine, Barack Obama devra donc, avant tout, chercher à redynamiser sa base électorale. Sans user des mêmes ficelles. Le «change» (changement) et le «hope» (l’espoir) de 2008 ont vieilli et ne suscitent plus le même engouement. Les femmes, les jeunes, les Hispaniques, autant de communautés qui s’étaient déplacées massivement il y a quatre ans et qui, à l’heure actuelle, semblent moins enclines à se mobiliser en faveur du candidat démocrate. Ce n’est pas pour rien que, ce mardi, le premier orateur important de la convention démocrate sera le maire de San Antonio, Julian Castro et que la première dame des Etats-Unis montera sur scène en prime-time pour défendre le bilan de son mari. Dans le couple Obama, Michelle est aujourd’hui plus bien populaire que Barack.
Et Bill Clinton en renfort
L’opération de séduction se poursuivra mercredi avec le discours très attendu de Bill Clinton. Lui aussi jouit toujours d’une très forte popularité chez les électeurs - et pas seulement démocrates ! Avec Jimmy Carter (qui interviendra par vidéoconférence), ce sont donc deux ex-présidents qui viendront apporter leur soutien à Barack Obama. Les républicains n’en avaient invité aucun.
Ce lundi, les démocrates ont d’ores et déjà essayé de créer ce «momentum», cet élan dont ils ne pourront pas se passer s’ils veulent remporter l’élection au mois de novembre. En se joignant aux festivités organisées à Charlotte à l’occasion de Labor Day (la fête du Travail, aux Etats-Unis), ils ont réussi là où les républicains avaient échoué, la semaine dernière. A Tampa, les abords de la convention étaient fermés au public et une bonne partie du centre-ville était soigneusement barricadé derrière d’imposantes barrières en métal. A Charlotte, ce lundi, les partisans de Barack Obama se sont mêlés à la foule qui arpentait la fête foraine installée en plein cœur de la ville, sur la rue Martin Luther King. Des concerts en plein air étaient organisés. C’était une fête populaire.