Avec notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode
« Nous avons marché 64 jours et depuis deux semaines que nous sommes ici, nous n’avons reçu que discriminations et humiliations », a expliqué, les larmes aux yeux, la dirigeante indigène Bertha Bejarano.
La décision des indigènes de quitter La Paz intervient alors que le dialogue n’a finalement même pas débuté avec le gouvernement, en raison d’un désaccord de fond sur les modalités des négociations.
Les anti route accusent le pouvoir de jouer la division du mouvement indigène en signant des accords séparés avec certains dirigeants. Tandis que le gouvernement a plusieurs fois répété que les délégués des marcheurs n’étaient pas pour lui des interlocuteurs représentatifs.
Autre élément qui a joué : l’impossibilité pour les protestataires de pénétrer sur la place Murillo, où se trouvent le Parlement et le palais présidentiel. Par deux fois, les indiens anti route, accompagnés par d’autres manifestants venus les soutenir, ont tenté de pénétrer sur cette place. Et par deux fois, ils ont échoué face aux gaz lacrymogènes et au canon à eau de la police.
Référendum local
Les habitants du territoire Tipnis, en pleine Amazonie, avaient déjà réalisé une première marche de 600 km l’an passé et obtenu l’annulation de la construction de cette route dont le tracé traverse leur réserve naturelle, infligeant une sérieuse défaite politique à Evo Morales.
Mais le gouvernement a fait marche arrière en début d’année et a prévu d’organiser un référendum local à l’intérieur du Tipnis pour décider de la reprise ou non des travaux. Il devrait débuter le 29 juillet prochain.
Evidemment, ce départ ne résout en rien le conflit autour du projet routier. Les marcheurs ont prévenu qu’à l’intérieur de leur territoire, ils empêcheraient « avec arcs et flèches » la réalisation du référendum qui pourrait relancer la construction de la route.