Un projet de route controversé divise l’Amazonie bolivienne

En Bolivie, la situation se corse autour du projet de route controversé qui doit traverser le parc Isiboro-Secure, un territoire indien protégé. Le Parlement a voté, le jeudi 9 février au soir, une loi débouchant sur l'organisation d'une consultation sur ce chantier. La consultation sera réalisée auprès des peuples indigènes vivant sur le territoire d’Isiboro-Secure, en pleine Amazonie bolivienne. Le projet avait pourtant été abandonné en octobre dernier après deux mois de conflit et une marche de 600 km réalisée par les indiens d’Amazonie dénonçant la mise en péril de leur environnement et de leur mode de vie. Mais, fin janvier, d’autres indigènes, cette fois alliés du gouvernement, ont réalisé une autre marche pour demander la reprise du chantier. La décision passera finalement par les urnes, dans un climat forcément très tendu.

Avec notre correspondant en Bolivie, Reza Nourmamode

Pour les personnes se déclarant en faveur de la route, ça ressemble à une victoire. Composé d’indigènes, mais surtout de producteurs de coca fidèles au gouvernement, le camps du « oui » voit le projet routier comme un synonyme de développement pour la région amazonienne et ils assurent que la majorité des habitants de la zone y est favorable.

Dans l’autre camp, celui des anti route, c’est la consternation et la colère. « Nous sommes prêts à donner nos vies pour défendre le territoire d'Isiboro-Secure » a ainsi déclaré le député indigène Pedro Nuni. Car cette consultation, les indigènes anti route la considèrent en premier lieu trop tardive. Elle aurait dû, selon eux, intervenir avant l’approbation du chantier.

Ils s’estiment par ailleurs trahis par le président Morales qui, en octobre 2011 avait fait voter une loi protégeant définitivement leur territoire. Une protection qui pourrait s’envoler, selon le résultat de la consultation. Evo Morales, qui accuse les anti route d’être manipulés par certaines ONG au solde des Etats-Unis, tente donc de ressusciter son projet routier, au risque d’exacerber les tensions entre couches populaires. La consultation sur la route doit être organisée au cours des quatre prochains mois.

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