Six ans après sa mort, Augusto Pinochet resurgit comme un fantôme dans le débat public. Ses partisans veulent lui rendre hommage, ils ont réservé à cette occasion la salle du théâtre Caupolican de Santiago. Le point d'orgue de la cérémonie, à laquelle 4 000 personnes se sont déjà inscrites, est la projection d'un documentaire à la gloire de l'ancien dictateur. C'est la Corporation 11-Septembre qui a organisé la soirée, un groupe qui tire son nom de la date du coup d'Etat qui a porté Pinochet au pouvoir ; c'était en 1973.
Les familles des victimes jugent cette cérémonie insupportable car elle fait l'apologie du terrorisme d'Etat. L'association qui s'occupe des proches de prisonniers disparus sous la dictature veut la faire interdire. Elle a déposé un recours devant la justice et exige du gouvernement qu'il prenne clairement position.
Mais le président conservateur Sébastian Pinera botte en touche : « Nous ne participons pas à ce genre d’événement mais nous respectons la liberté d'expression garantie par la loi », a-t-il fait savoir via son porte-parole. Une position que Human Rights Watch partage entièrement : « Ces Chiliens qui s'inspirent des dictatures ont le droit de rendre ce type d'hommage », a déclaré l'organisation des droits de l'homme.