Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Sous les tentes, des rangées de lits baignent dans une odeur de chlore. Ce centre de traitement du choléra géré par Médecins sans frontières peut accueillir 73 patients, mais le nombre de malades augmente chaque jour.
« Là, on a 19 lits, et 18 occupés », explique Marietta Sédieu, infirmière. Qui s'attendait à voir l'épidémie reprendre de l'ampleur avec les premières pluies :« Les gens ont oublié que le choléra est encore là, et leur négligence cause la propagation de la maladie. »
Sur l'un de ces lits, Bernard, 45 ans, est réhydraté et en convalescence : « Je n'arrivais plus à tenir debout, alors on m'a mené au centre de traitement du choléra. J'avais la diarrhée et ensuite je vomissais. Désormais, je vais prendre plus de précautions pour ne pas avoir à revenir ici. »
Si les centres peuvent encore faire face au nombre de cas, MSF s'inquiète. Trop peu de choses ont été faites pour protéger les plus pauvres. Gaetan Drossart, chef de mission, rappelle l'injustice de l'épidémie : « Le choléra touche essentiellement des populations sans moyens. Se laver les mains avec de l’eau traitée et du savon peut paraître une simple chose. Mais pour beaucoup, cela représente en fait quelque chose de très compliqué ».
Les plus vulnérables sont évidemment les 420 000 sinistrés du séisme du 10 janvier 2010, qui vivent toujours dans les camps. Seuls 1% d'entre eux ont reçu récemment du savon.