La Russie ne veut pas abandonner Viktor Bout, le trafiquant d’armes condamné aux Etats-Unis

La justice new-yorkaise a condamné ce jeudi 5 avril à 25 ans de prison le marchand d'armes Viktor Bout. Le trafiquant international d'origine russe peut cependant espérer que Moscou lui vienne en aide à la suite de négociations avec Washington.

Viktor Bout n’est pas n’importe qui aux yeux de Moscou et les autorités russes s’engagent à tout faire pour obtenir le retour au pays de l’ancien militaire reconverti en trafiquant d’armes. Le ministère russe des Affaires étrangères évoque, dans un communiqué, un verdict « infondé et biaisé » qui obéit à une « commande politique ». Il assure également qu’il fera tous les efforts nécessaires pour obtenir le retour de Viktor Bout en Russie.

Moscou avait protesté vigoureusement en 2010, lorsque le trafiquant d’armes avait été extradé de la Thaïlande vers les Etats-Unis pour y être jugé sous l’accusation de trafic d’armes. Il avait été arrêté en 2008 à Bangkok, où il s’était fait piéger par des agents secrets américains qui prétendaient vouloir acheter des armes pour la guérilla colombienne. Malgré la pression des Russes, la justice thaïlandaise avait accepté d’extrader Viktor Bout vers les Etats-Unis, en vertu des poursuites pour « terrorisme ». Cette charge a été abandonnée lors du procès.

Des livraisons illégales d’armes en Afrique

Agé aujourd’hui de 45 ans, le trafiquant d’armes a été surnommé « Le marchand de mort » dans un livre qui lui a été consacré. Il a également inspiré le personnage incarné par Nicolas Cage dans le film « Lord of War ». Ancien élève de l’Institut militaire des langues étrangères de Moscou, là où étaient formés les officiers de renseignement de l’Armée rouge, Viktor Bout parle une dizaine de langues, y compris plusieurs langues africaines. Officier-interprète dans l’aviation russe, il a participé à plusieurs missions en Afrique.

Après la fin de l’URSS, Viktor Bout a commencé, dès les années 1990, à fournir illégalement des armes à de nombreux protagonistes en Afrique. Sa flotte d’avions cargos lui a permis par ailleurs de passer des contrats de transport avec les Nations unies, avec la France pour l’opération Turquoise au Rwanda, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, jusqu’en 2005, pour l’Irak et l’Afghanistan. Sous le coup des sanctions de l’ONU et d’un mandat d’arrêt international, le trafiquant s’est réfugié en 2001 à Moscou. Il a réussi à échapper aux tentatives d’arrestation grâce à ses différentes identités et à de puissants appuis politiques.

Viktor Bout risquait la prison à vie

Après la condamnation de Viktor Bout à 25 ans de prison aux Etats-Unis, sa femme et son avocat ont affiché leur satisfaction. Ils ont même parlé de victoire : la peine prononcée est le minimum prévu par la loi, alors que les procureurs avaient requis la perpétuité. De surcroît, l’accusation d’appartenance à une organisation terroriste a été abandonnée. La juge new-yorkaise qui a prononcé la sentence a simplement souligné que Viktor Bout a vendu des armes aux « régimes les plus cruels et les plus violents du monde ».

Le marchand d’armes a l’intention de faire appel de sa condamnation. Il peut compter également sur l’appui sans faille de Moscou, qui a mis son dossier en haut de l’agenda russo-américain. Une extradition de Viktor Bout vers la Russie est peu probable, mais le chef de la commission parlementaire russe pour les Affaires étrangères a évoqué une possible grâce accordée par le président américain Barack Obama. En 2000, Vladimir Poutine, alors tout nouveau président, avait gracié l’Américain Edmond Pope, condamné en Russie à 20 ans de prison pour espionnage.

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