Avec nos envoyés spéciaux à New York, Karim Lebhour et Raphaël Reynes
La salle d’audience n’est qu’à moitié pleine et essentiellement de journalistes de la presse française. Le juge McKeon s’est montré sceptique, a posé beaucoup de questions et a mis en difficulté les avocats de Dominique Strauss-Kahn.
L'immunité diplomatique en question
Ainsi, le juge n’a pas semblé convaincu du tout du bien fondé de l’immunité diplomatique de Dominique Strauss-Kahn comme directeur du FMI. Le juge a demandé aux avocats de DSK de reconnaître que ce qui s’est passé dans la chambre du Sofitel n’entre pas dans les fonctions officielles d’un directeur du FMI. Il l’a dit avec un peu d’ironie : « Nous sommes d’accord pour dire que la présence de Madame Diallo dans la chambre d’hôtel n’entre pas dans les fonctions primaires d’un patron du FMI » interroge le magistrat. L’avocat de DSK acquiesce…
Le juge a également demandé pourquoi faire valoir cette immunité diplomatique maintenant au civil et pourquoi ne pas l’avoir fait valoir avant ou avant la procédure pénale. Une interrogation que les avocats de Nafissatou Diallo n'ont pas manqué de reprendre à leur compte : «S’il avait l’immunité, pourquoi ses avocats n’ont-ils jamais rien dit sur cette immunité au cours de la procédure pénale ? Cela n’a pas de sens ! » s'est interrogé Kenneth Thompson.
Devant le juge, comme devant les caméras, la réponse de l’avocat de DSK, William Taylor est plutôt embarrassée : « Les gens qui peuvent bénéficier d’une immunité diplomatique l’invoquent parfois… et parfois non.» Les défenseurs de DSK ont visiblement passé une mauvaise après-midi, mais ils assurent rester confiants.
Réponse dans deux ou trois semaines
Le juge va maintenant demander deux à trois semaines de délai avant de rendre sa décision sur cette immunité diplomatique. S’il refuse cette immunité, la procédure va se poursuivre. Elle peut durer encore un à deux ans un éventuel procès Strauss-Kahn, dans le Bronx.
On sait que les procédures civiles aux Etats-Unis se terminent à 90% par des accords à l’amiable plutôt que par un procès entre les deux parties.