Le bilan initial du massacre était de 16 civils tués, dont une majorité d'enfants. Les 17 inculpations pour meurtres suggèrent donc que l'un des blessés graves, attribués également au sergent Bales, n'a pas survécu à ses blessures. L'annonce de ces inculpations intervient moins de deux semaines après les faits et Washington escompte que ce court délai sera perçu comme un gage de sa volonté d'aller vite pour enclencher la machine du procès.
L'opinion publique et les autorités afghanes se montrent en effet sceptiques envers une procédure qui se déroule aux Etats-Unis, loin de l'endroit où les assassinats ont été perpétrés. De fait, le chemin jusqu'au procès pourrait prendre maintenant des années après ce premier pas. Le principe d'une cour martiale qui, théoriquement en tout cas selon le ministre de la Défense Leon Panetta, pourrait condamner à mort Robert Bales, n'est même pas encore acquis. L'armée en décidera lors d'une audience préliminaire de comparution, dite « de l'article 32 » en référence au code militaire, dont la date n'est pas fixée.
Altération du discernement ?
L'avocat du sergent estime avoir des arguments à faire valoir pour diminuer la responsabilité de son client. Ce « patriote » - ainsi considéré parce qu'il s'était engagé deux mois après les attentats du 11-Septembre 2001 - faisait l'expérience en Afghanistan d'un quatrième déploiement éprouvant, avec à la clé alcoolisme, difficultés financières et, surtout, une possible commotion cérébrale suite à un accident de voiture en 2010 en Irak, qui n'aurait pas été correctement traitée. Si la défense arrivait à accréditer l'idée d'une « altération du discernement », Robert Bales risquerait la réclusion à vie comme peine maximale mais avec une libération conditionnelle possible au bout de dix ans.
Néanmoins, l'accusation ne semble pas près de croire à l'amnésie ponctuelle dont Robert Bales affirme avoir souffert au moment du massacre. Les procureurs sont au contraire convaincus (leur hâte à mettre la justice en marche et à qualifier les faits de « meurtres » en témoigne) que la tuerie a été préméditée, ce qui élimine l’hypothèse de circonstances atténuantes.