Florence Cassez bientôt libre ?

Une sérieuse lueur d'espoir dans le dossier de Florence Cassez. Un juge de la Cour suprême recommande la libération immédiate et absolue de la Française condamnée au Mexique à 60 ans de prison pour enlèvements, délinquance organisée et port d'arme prohibée. Le juge Arturo Zaldivar estime que les droits fondamentaux de Florence Cassez n'ont pas été respectés et que les preuves contre elle ne sont pas assez fiables.

Le 9 décembre 2005, la police mexicaine diffuse les images de l'arrestation d'un chef de gang, Israel Vallarta et de son ex-compagne, une certaine Florence Cassez. Tous deux sont soupçonnés de diriger un gang Los Zodiacos qui a, à son actif, une dizaine d’enlèvements et un meurtre. Dans un pays où les violences de ce type font plus de 8 000 morts par an, les images ont un effet ravageur : pour l’ensemble de l’opinion publique mexicaine, les deux sont coupables, forcément coupables.

Bien qu’Israel Vallarta dédouane son ex-compagne, en avril 2008, Florence Cassez est condamnée à 96 ans de prison pour 4 enlèvements, association de malfaiteurs et possession d’armes mais ces peines se cumulant, la peine effective est de vingt ans. Convaincue qu’elle peut faire reconnaître son innocence, Florence Cassez fait appel et le verdict est bien pire : la peine est triplée à 60 ans de prison. Sous la pression d’une opinion publique mexicaine convaincue de sa culpabilité, en 2011 la Cour de cassation rejette son pourvoi. Côté diplomatique, la tentative de Nicolas Sarkozy d'obtenir le transfèrement de Florence Cassez dans une prison française échoue : son cas est devenu politique pour les autorités mexicaines.

Le juge recommande une libération immédiate et absolue

Le juge Arturo Zaldivar préconise que la Cour suprême du Mexique ordonne la libération « immédiate et absolue » de Florence Cassez. Un revirement total de la justice mexicaine. Mais parallèlement à la procédure contre Florence Cassez, la justice a aussi avancé sur les circonstances de son arrestation et il y a un an, elle avait reconnu que la vidéo de sa prétendue arrestation avait bien été tournée le lendemain, qu’il s’agissait donc d’une reconstitution que la police a présentée comme étant prise sur le fait. Pour le juge de la Cour suprême cela signifie :

  1. Que contrairement à ce que préconise la loi, Florence Cassez n’a pas été mise immédiatement à la disposition du Ministère public puisqu’elle a été emmenée au ranch de son ancien compagnon pour participer à la mise en scène.
  2. Que rien ne justifie cette mise en scène.
  3. Que cette mise en scène a gravement endommagé ses droits à la présomption d’innocence et à un procès équitable.
  4. Qu’elle n’a pas eu accès aux agents consulaires français en violation de ses droits.

En conséquence il estime que les preuves retenues manquent de fiabilité puisque les témoignages et les déclarations des policiers sont le produit d’une déformation de la réalité orchestrée par l’Agence Fédérale d’Investigation. D’où sa demande de libération immédiate et absolue. Munis de ce rapport, les 5 juges de la Cour suprême auront à se prononcer dans les tout prochains jours. Un sous secrétaire d’Etat aux affaires juridiques et aux droits de l’homme affirme que l’ « ordre mexicain ne peut s’opposer à l’ordre constitutionnel, ne peut s’opposer aux lois ». La famille de Florence Cassez veut rester prudente mais il y a cette fois de bonnes chances que leur fille rentre en France dans un proche avenir.

Florence Cassez n’est pas un cas isolé

Le cas de Florence Cassez a été médiatisé en raison de sa nationalité mais elle le dit elle-même : elle a croisé dans les prisons mexicaines des dizaines de femmes qui ont été associées à la délinquance de leur mari, compagnon ou frère. Qu’un homme soit reconnu coupable d’enlèvement de crime ou de possession d’arme et sa compagne est systématiquement considérée comme complice et condamnée à une peine souvent aussi lourde. Si Florence Cassez est libérée, il ne faudra pas les oublier.
 

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