Le ton est agressif et « nauséabond », les mots de Jon Huntsnam sont sans appel. Ce républicain modéré, encore en course pour la présidentielle 2012 il y a quelques jours, a décidé de jeter l’éponge. Sa campagne n’avait jamais vraiment décollé mais ce sont les attaques et l’ambiance qui lui ont définitivement fait passer l’envie de poursuivre les débats.
Il faut dire que plus le processus des primaires avance, plus les tensions éclatent au grand jour. Plus de politiquement correct, plus de retenue, les candidats n’hésitent pas à porter des coups bas, voire très bas. A tel point que la moitié des prétendants ont déjà renoncé. Dernier en date, Rick Perry, à la traîne dans les enquêtes d’opinion après plusieurs gaffes : lors d’un débat télévisé notamment il n’avait pas su nommer les trois ministères qu’il envisageait de supprimer s’il était élu président. Il se retire donc et appelle désormais à soutenir le très conservateur Newt Gingrich.
En l’espace d’un mois et demi, il est le quatrième à jeter l’éponge. Avant lui et Jon Huntsnam, Michèle Bachmann l’égérie du Tea party avait abandonné après son mauvais score dans l’Iowa. Mais surtout Herman Cain, l’entrepreneur noir, grand favori du scrutin, avait dû retirer sa candidature empêtré dans des accusations de harcèlement sexuel.
Bataille à coup de spots de pub
Le favori Mitt Romney a beau caracoler en tête des sondages, il est loin de faire l’unanimité parmi ses adversaires du camp républicain. Il est la cible privilégiée des attaques de Ron Paul, Newt Gingrich et Rick Santorum. Il a été tour à tour mis en cause dans le « pillage d’entreprises », accusé de ne pas avoir publié sa feuille d’imposition, de cacher de l’argent aux îles Caïmans, de soutenir le vote des prisonniers condamnés ou encore de « parler français ».
C’est même un vrai duel qui se dessine entre Mitt Romney et Newt Gingrich. Les deux camps se sont affrontés ces derniers temps à coup de millions de dollars en spots de publicité. La première salve est partie du camp Romney. Dès le mois de novembre le supercomité d'action politique qui le soutient a lancé une déferlante de messages télévisés négatifs contre son adversaire. Newt Gingrich aurait « soutenu des avortements aux frais du contribuable », il serait « favorable à une amnistie pour les immigrés clandestins ». Des idées totalement opposées au projet qu’il défend.
Et la réplique ne s’est pas fait attendre lors de cette primaire en Caroline du Sud. Les soutiens de Gingrich ont littéralement inondé l’Etat de spots anti-Romney. L’ancien gouverneur du Massachussetts est accusé d’être prêt à dire « n’importe quoi pour être élu ». Dans un autre film diffusé sur le Net l’on peut voir un faux Obama pilonnant le candidat républicain tout en détaillant ses changements d’opinions.
La Floride peut être décisive
Les attaques montrent l’enjeu du vote en Caroline du Sud. Depuis 1980, le républicain arrivé en tête dans cet Etat a toujours remporté la désignation finale de son parti. Après sa victoire dans le New Hampshire, Mitt Romney peut envisager prendre largement la tête de la course.
A la fin du mois de janvier, l'étape floridienne pourrait être décisive. C’est un Etat qui compte pour les primaires avec un nombre important de délégués nationaux élus. Ils seront 50 contre 25, par exemple, pour la Caroline du Sud. De quoi permettre au vainqueur de mettre une belle option sur la victoire. Pour la désignation officielle, il faudra pourtant patienter encore jusqu’au mois d’août et elle aura lieu, elle-aussi, en Floride, décidément l’Etat clé de ce scrutin.