Affaire DSK: les vidéos du Sofitel ravivent la théorie du complot

Le grand déballage continue. Les images de vidéosurveillance du Sofitel diffusées par BFMTV jeudi 8 décembre s’ajoutent aux interrogations du journaliste américain Edward Epstein et aux confidences de Dominique Strauss-Kahn à son biographe Michel Taubmann. Edward Epstein a également mis en ligne certaines vidéos sur son site internet.

De notre correspondant à New York

L’irruption de ces vidéos est le dernier épisode de ce qui apparaît clairement comme une stratégie de communication des défenseurs de Dominique Strauss-Kahn pour accréditer la thèse d’un piège tendu à l’ancien directeur du FMI. Les théoriciens du complot disposent de trois éléments : la disparition du téléphone BlackBerry de DSK, la curieuse « danse de la joie » de deux employés de l'hôtel Sofitel et un possible coup de fil des autorités françaises au procureur Cyrus Vance l’informant d’autres affaires judiciaires impliquant DSK, rapporté ce vendredi 9 décembre par le quotidien Libération.

Pour le camp Nafissatou Diallo, tout ceci n’explique pas l’acte sexuel « précipité » entre la femme de chambre guinéenne et DSK. Douglas Wigdor, l’un de ses avocats, voit dans ces fuites de documents une tentative pour « convaincre l’opinion de l’existence d’un piège » et demande « un procès le plus rapidement possible ». En attendant, que faut-il retenir de ces nouvelles vidéos dont les interprétations peuvent être très différentes ?

12H27 : DSK sort de l’hôtel (vidéo n°1)

Une dizaine de minutes après l’incident de la chambre 2806 (qui a eu lieu entre 12h06 et 12h13), DSK sort du Sofitel, une valise à la main pour se rendre à un déjeuner avec sa fille avant de prendre son avion. Il s’attarde quelques instants à la réception puis monte dans un taxi.

Pour le camp DSK, cette vidéo contredit la thèse d’une fuite précipitée. « DSK, disent-ils, ne paraît ni pressé, ni paniqué ». Les avocats de Nafissatou Diallo, Kenneth Thompson et Douglass Wigdor, voient exactement le contraire ! Commentant ces images devant la presse, jeudi à New York, Kenneth Thompson interprète le fait que le directeur du FMI prenne un taxi plutôt qu’un chauffeur comme un signe d’empressement. Dans les deux cas, ce ne sont que des spéculations. Aucun élément ne permet de décrire l’état d’esprit de DSK quand il quitte le Sofitel.

12h51 : le récit de Nafissatou Diallo (vidéo n°2)

Nafissatou Diallo est conduite au rez-de-chaussée de l’hôtel après l’agression présumée pour être interrogée par les responsables de la sécurité. Deux d’entre eux sont visibles à l’image, Derek May et Brian Yearwood, l’ingénieur en chef du Sofitel. Une supérieure de Nafissatou Diallo est également présente. Nafissatou Diallo est assise dans son uniforme de femme de chambre. Elle attend. A 13h04, la Guinéenne décrit l’agression, fait de grands gestes, pousse sa supérieure en mimant la scène avec DSK. Puis elle retourne s’asseoir. A 13h33, la sécurité du Sofitel appelle la police de New York pour signaler « une agression sexuelle » par un client de l’hôtel sur un membre du personnel.

Là encore, deux lectures sont possibles. Les partisans de DSK voient dans le calme de Nafissatou Diallo un élément suspect. La journaliste de BFMTV note qu’elle n’est « ni prostrée, ni en pleurs ». Faut-il pour autant en déduire qu’elle n’a pas été agressée ? Ses avocats estiment que cette vidéo renforce leur version des faits et que Nafissatou Diallo « est constante dans son récit », décrivant sur ces images la scène avec DSK « exactement de la même façon » qu’elle le fera plus tard devant la police, puis devant le procureur.

13h 34 : la « danse de la joie » (vidéo n°3)

C’est la vidéo la plus troublante et la plus controversée. Derek May et Brian Yearwood s’isolent dans un local à bagages. Derek May soulève Brian Yearwood et se laisse aller à quelques pas de danse. La scène dure une dizaine de secondes et non trois minutes comme l’affirmait Edward Epstein.

Même si Brian Yearwood, l’ingénieur en chef, paraît plutôt subir l’enthousiasme de son collègue, la raison de cette célébration reste un mystère. Lanny J.Davis, l'avocat du groupe Accor qui les a interrogés, dit que les deux hommes « ne se souviennent pas des raisons de cette célébration », mais assure qu’ils « n’ont au moment de la vidéo aucune idée de la position politique de M. Strauss-Kahn ». Sont-ils simplement soulagés de voir l’affaire passer entre les mains de la police ? Pour le camp DSK en tout cas, cette scène est un point central dans la théorie du complot. Les avocats de Nafissatou Diallo se contentent d’observer que cette scène ne concerne pas leur cliente et qu’elle est irrecevable dans le cadre de la procédure judiciaire. « Je ne sais pas s’il s’agit d’une plaisanterie entre eux, mais l’important est que Nafissatou Diallo n’a rien à voir là-dedans. Elle n’était pas avec eux. Cette scène est une diversion destinée à faire croire à un complot », estime Kenneth Thompson.

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