La Syrie n’a pas respecté ses engagements. Elle devrait donc, en toute logique, être sanctionnée par ses pairs de la Ligue arabe. L’organisation qui a décidé, samedi 12 novembre 2011 de suspendre la Syrie, devait mettre sa menace à exécution mercredi 16 novembre.
Le régime de Bachar el-Assad n’a en effet pas appliqué le plan de paix proposé par la Ligue et qui prévoyait un arrêt des violences, le retrait des forces armées des villes, la libération des opposants emprisonnés, une ouverture de dialogue avec l'opposition, enfin l'envoi d'observateurs et de médias indépendants en Syrie.
Damas a fait un geste de bonne volonté, mardi 15 novembre, en annonçant la libération de plus d’un millier de prisonniers. Mais ce geste ne devrait pas suffire à convaincre la Ligue arabe. La principale demande, l’arrêt des violences, n’a pas du tout été suivie d'effet puisque des dizaines de personnes ont encore été tuées ces 15 derniers jours en Syrie.
Outre la suspension de la Syrie, la Ligue arabe pourrait annoncer d’autres mesures comme le rappel des ambassadeurs des pays de la Ligue en poste à Damas. Avec la condamnation de la Syrie par ses pairs arabes, le régime de Bachar el-Assad paraît de plus en plus isolé. Certains dirigeants arabes n’hésitent plus à réclamer le départ du président syrien. C’est le cas du roi Abdallah II de Jordanie.
La Turquie durcit le ton
Après les Etats-Unis et l’Union européenne, qui ont été les premiers à condamner les violences en Syrie, la Turquie est à son tour montée au créneau. « Le régime syrien va payer très cher ce qu'il a fait », a déclaré mercredi le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. La veille, Ankara avait annoncé l’arrêt d'explorations pétrolières conjointes et menacé de cesser de fournir de l’électricité à son voisin.
Avec les prises de position de la Turquie et de la Ligue arabe, les Occidentaux espèrent que la Syrie soit enfin condamnée par le Conseil de sécurité de l’ONU. « La Ligue peut mener le dossier syrien au Conseil de sécurité et cette fois le veto russe sera plus dur à faire appliquer si les pays arabes contestent la légitimité de Bachar el-Assad », analyse Fabrice Balanche, directeur du Gremmo, le groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient.
La Russie et la Chine, qui constituent avec l’Iran les derniers soutiens de la Syrie, avaient opposé leur veto début octobre au Conseil de sécurité de l’ONU qui proposait de condamner la Syrie pour les violences contre l’opposition qui ont fait plus de 3 500 morts en huit mois, selon l’ONU.
Une résolution au Conseil de sécurité permettrait entre autres de prendre des mesures afin de protéger les civils, comme l’envoi d’observateurs internationaux. En revanche, une intervention militaire contre la Syrie semble écartée pour le moment. La Ligue arabe n'y est pas favorable. Or c'est elle qui avait permis à l'Otan d'intervenir en Libye, lorsqu'elle avait donné son feu vert pour mettre en place une zone d'exclusion aérienne.
Les esprits sont échaudés par l'intervention en Libye. Certains pays, comme la Chine et la Russie, reprochent à l'Otan d'avoir outrepassé son mandat qui était de protéger les civils, en faisant tomber Mouammar Kadhafi. Enfin, les Occidentaux hésitent à intervenir car la Syrie joue un rôle majeur au Moyen-Orient. C'est un allié de l'Iran, elle soutient également le Hezbollah et le Hamas. Renverser le régime de Bachar el-Assad pourrait donc avoir des conséquences désastreuses pour la région et notamment pour Israël.