À 65 ans, il a remisé son uniforme et ses épaulettes rouge et noir, préférant se montrer en tenue civile détendue, blouson ou chemise claire aux manches relevées. Plus rond, moins véhément, Daniel Ortega a prôné durant sa campagne électorale un Nicaragua « plein de socialisme, de christianisme et de solidarité ». Face à l’opposition conservatrice qui a présenté contre lui deux candidats, son discours a atteint son objectif.
Daniel Ortega avait déjà été, entre 1984 et 1989, le premier président élu du pays, après que la guérilla sandiniste, dont il était un des principaux dirigeants, eût mis fin en 1979 à 42 ans de despotisme des Somoza. Le président Ronald Reagan l’appelait alors « le petit dictateur ». Mais en 1990, les quelque 50 000 morts de la guerre civile opposant le régime sandiniste aux « Contras » soutenus par Washington, ajoutés à la corruption du régime, ont coûté à Daniel Ortega son siège de président.
Pétrodollars vénézuéliens
Après deux échecs en 1996 et 2001, il est revenu au pouvoir en 2007, entamant un mandat marqué par un essor économique auquel les pétrodollars de son allié vénézuélien Hugo Chavez ne sont pas étrangers.
Cette manne financière lui a notamment permis de financer de nombreux programmes sociaux (logement, transports, accès à l'énergie) et des réalisations en matière d’éducation et de promotion du microcrédit. Grâce à ces progrès, il a pu conserver le soutien des couches les plus défavorisées de la population nicaraguayenne.
Se faisant l’apôtre de la « réconciliation », l'ancien guérilléro a su également se ménager la bienveillance des milieux d'affaires et des organismes internationaux. Pour rassurer les investisseurs, y compris l’ancien ennemi américain, le président Ortega n’a pas hésité à privatiser des entreprises nationalisées par les sandinistes. Résultat : le pays a enregistré une croissance de 4%. Mais malgré un recul du nombre d'habitants vivant sous le seuil de pauvreté, passé de 65,5% en 2005 à 57%, le Nicaragua demeure le pays le plus pauvre des Amériques après Haïti.
Gestion « peu transparente »
Sur le plan politique, l’autoritaire Daniel Ortega fait l’objet de virulentes critiques. Dont celles de ses anciens amis : certains le surnomment aujourd'hui le « grand destructeur ». L'inamovible secrétaire général du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) a, en effet, constamment refusé toute rénovation de son parti et en a exclu tous les réformateurs.
La droite n’est pas en reste. Comme les anciens alliés d'Ortega, elle reproche au leader sandiniste une gestion à tout le moins « peu transparente » des subsides vénézuéliens. On l’accuse aussi de clientélisme et de népotisme, son épouse étant à la fois porte-parole du gouvernement et directrice de campagne tandis que plusieurs de leurs huit enfants sont à la tête de médias audiovisuels, publics et privés.