La Société générale figure parmi les 17 banques qui sont accusées par les autorités américaines d’avoir « enjolivé » la réalité pour vendre aux organismes de financement immobilier Fannie Mae et Freddie Mac des crédits hypothécaires à risque. Ces crédits sont à l'origine de la crise financière de 2008. Le gouvernement américain a été contraint de nationaliser ces deux organismes en septembre 2007 pour éviter la débâcle et se retourne maintenant contre les banques qu’il estime fautives. Le préjudice est évalué à 41 milliards de dollars au total dont 1,3 milliard de dollars pour la Société générale.
Cela va contraindre la banque à provisionner les sommes nécessaires à des poursuites et condamnations éventuelles. C’est un nouveau coup dur pour la Société générale qui n’avait pas besoin de cela dans une période déjà difficile. La Bourse de Paris a immédiatement accusé le coup. La Société générale enregistrait une chute de l'ordre de 7% lundi à la mi-journée. Un recul deux fois plus important que le CAC 40 dans son ensemble. L’action de la banque a terminé la journée avec une perte de plus de 8,6%
En effet, même si toutes les valeurs bancaires sont en recul au cours des dernières semaines, la Société générale est devenue la cible privilégiée des marchés financiers. C'est la raison pour laquelle la rumeur répandue par le tabloïd britannique Mail on Sunday, et démentie par la suite, selon laquelle la banque aurait rapidement besoin d'un plan de sauvetage a si bien pris : le 10 aout la Société générale perdait 15% en une seule séance. En une semaine le titre baissait du quart de sa valeur. Et depuis le début de l’année sa capitalisation boursière à pratiquement été divisée par deux.
Accumulation de déboires
Pourquoi la Société générale est-elle devenue une sorte de maillon faible du système bancaire européen ? Déjà fragilisée par l'affaire Kerviel en 2007, la banque française est en outre exposée à la dette grecque. Elle a du déprécier de près de 400 millions les titres grecs qu'elle détient. Tout cela mis bout à bout a obligé le PDG Frederic Oudéa à lancer un avertissement aux investisseurs : Société générale ne pourra pas afficher en 2012 des résultats aussi positifs que ce qui était prévu. Acharnement quelque peu injuste pourraient plaider les dirigeants de la Société générale car BNP-Paribas est davantage encore exposée à la crise de la dette des pays de la zone euro. Mais les marchés semblent en tenir bien davantage rigueur à l’une qu’à l’autre.
D’autant plus que, selon le magazine américain Global Finance, la Société générale est au 35e rang des banques les plus sûres au monde. Elle est située entre les deux américaines JP Morgan et Wells Fargo. Si l’on croit des analystes du secteur bancaire la Société générale souffre également d’un changement de stratégie. Un virage décidé par son PDG Frédéric Oudéa, après le traumatisme de l’affaire Kerviel ce trader qui a fait perdre des milliards d’euros à la banque tout en révélant sa vulnérabilité. D’une activité à haut risque et potentiellement très rentable la Société générale revient en partie à des activités bancaires moins incertaines mais aussi moins profitables à court terme. Cette réorientation vers la banque de détail n’a pas encore produit tous les fruits attendus et, dans l’intervalle, le passage d’un modèle à l’autre pèse sur les résultats.