Sur le papier, le changement est notable. A la différence des primaires américaines, les primaires argentines sont prévues ouvertes, simultanées et obligatoires. En clair, tous les Argentins sont appelés à voter le même jour (le vote est obligatoire) pour leurs candidats favoris aux postes de président, vice-président, député et sénateur. Les partis sont eux aussi obligés de jouer le jeu, puisque seuls les candidats désignés aux primaires seront autorisés à représenter leur parti aux élections d’octobre. Mais dans les faits, rien ne dit que le jeu politique argentin en sera bouleversé.
Une réforme contestée
En introduisant ces primaires, le gouvernement argentin souhaite démocratiser la sélection des candidats à la présidentielle. Désignés par le peuple, ils seraient ainsi plus légitimes. Problème : la loi n’indique aucun minimum de candidats aux primaires, et beaucoup de partis ont prévu de n’en présenter qu’un seul, déjà désigné en interne. Ce qui fait dire à certains que les primaires ne seront qu’une « répétition générale » avant le vote de cet automne.
Les petits partis s’inquiètent aussi de voir leur poids politique diminuer, car la nouvelle loi prévoit que les formations qui récoltent moins de 1,5% des votes aux primaires ne pourront pas participer aux élections générales.
Pour certains analystes, cette réforme électorale visait en fait à mettre de l’ordre dans le mouvement péroniste, très divisé depuis que Cristina Fernandez de Kirchner, à la tête de l’Etat depuis 2007, a coupé avec la vieille garde du parti. Un espoir déçu, puisque l’ancien président Eduardo Duhalde, issu lui aussi de cette famille politique, se présente face à la présidente sous les couleurs de son propre parti.
Kirchner en difficulté ?
Les résultats des primaires donneront une première idée de l’état de l’opinion argentine. Et des chances de Cristina Fernandez de Kirchner d’être réélue au premier ou au second tour de la présidentielle, le 20 novembre. Portée jusqu’à maintenant par une forte popularité – grâce notamment à une croissance de près de 10% -, la présidente a subi ces dernières semaines trois sérieux revers électoraux à la mairie de Buenos Aires et dans les provinces agricoles de Santa Fe et de Cordoba. Son image positive a aussi été écornée par un scandale de corruption.
Elle reste cependant la grande favorite des sondages : selon une étude effectuée par l’institut Management & Fit entre le 22 et le 26 juillet, Cristina Fernandez de Kirchner recueille encore 36.8% d’opinions favorables, loin devant le député centriste Ricardo Alfonsin, fils de l’ex- président Raul Alfonsin et Eduardo Duhalde.