Dette : la note des Etats-Unis rétrogradée pour la première fois

C'est du jamais vu dans l'histoire des Etats-Unis. La note attribuée à la dette publique américaine, le fameux triple A, a été abaissée à 2A+, par l'agence d'évaluation financière  Standard and Poor's. Une premiere toutes agences de notation confondues. Depuis sa création en 1941, Standard and Poors n 'avait jamais mis de bemol à l'excellence americaine. L’accord conclu il y a quelques jours entre républicains et démocrates, pour limiter le déficit colossal du pays, est jugé insuffisant par l'agence. La Maison Blanche conteste. Le Trésor juge cette décision non crédible, et entachée d'erreurs de calcul.

Avec notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugua

La décision était certes anticipée depuis plusieurs jours mais la dégradation des Etats-Unis n’en était pas moins humiliante. L’agence d'évaluation financière Standard and Poor's est fidèle à la logique qu’elle avait clairement exposée à la mi-juillet, en mettant en garde contre le risque de dégradation si le Congrès et la Maison Blanche ne tombaient pas d’accord sur un plan crédible à long terme de maîtrise de l’endettement public de l’ordre de 4 000 milliards de dollars sur 10 ans.

Or le plan péniblement adopté mardi dernier ne représente que 2,100 milliards de dollars sur 10 ans et encore 1 500 milliards restent à définir par une commission fin novembre.

Standard and Poor's justifie sa décision en mentionnant en outre que la tactique qui a consisté à faire courir le risque d’un défaut de paiement du Trésor pour obliger la Maison Blanche à céder, crée un climat politique peu propice à de futurs accords crédibles de réduction de l’endettement.

Pessimiste sur les chances d’un compromis plus ambitieux, Standard and Poor's se réserve le droit de dégrader à nouveau les Etats-Unis d’ici deux ans. Par exemple si les taux d’intérêts augmentent ou si les baisses des dépenses publiques se révèlent insuffisantes.

Les Etats-Unis auraient-pu éviter le déclassement de leur crédit ? John Chambers de Standard and Poor’ répond à la question sur CNN :

« La première chose qu’ils auraient pu faire c’est de relever le plafond de la dette à temps de façon qu’une bonne partie de l’âpre débat qui a eu lieu puisse être évitée. Ça c’est le premier point. Et le second, c’est qu’ils auraient pu présenter un plan fiscal semblable par exemple à celui de la commission Bowles-Simpsonqui sans obtenir la super-majorité requise, a recueilli au moins une majorité de voix et a soumis un certain nombre de recommendations raisonnables. D’autres pourraient être envisagées, mais au moins cela aurait été un point de départ ».

Partager :