Avec notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugua
La décision était certes anticipée depuis plusieurs jours mais la dégradation des Etats-Unis n’en était pas moins humiliante. L’agence d'évaluation financière Standard and Poor's est fidèle à la logique qu’elle avait clairement exposée à la mi-juillet, en mettant en garde contre le risque de dégradation si le Congrès et la Maison Blanche ne tombaient pas d’accord sur un plan crédible à long terme de maîtrise de l’endettement public de l’ordre de 4 000 milliards de dollars sur 10 ans.
Or le plan péniblement adopté mardi dernier ne représente que 2,100 milliards de dollars sur 10 ans et encore 1 500 milliards restent à définir par une commission fin novembre.
Standard and Poor's justifie sa décision en mentionnant en outre que la tactique qui a consisté à faire courir le risque d’un défaut de paiement du Trésor pour obliger la Maison Blanche à céder, crée un climat politique peu propice à de futurs accords crédibles de réduction de l’endettement.
Pessimiste sur les chances d’un compromis plus ambitieux, Standard and Poor's se réserve le droit de dégrader à nouveau les Etats-Unis d’ici deux ans. Par exemple si les taux d’intérêts augmentent ou si les baisses des dépenses publiques se révèlent insuffisantes.
Les Etats-Unis auraient-pu éviter le déclassement de leur crédit ? John Chambers de Standard and Poor’ répond à la question sur CNN :
« La première chose qu’ils auraient pu faire c’est de relever le plafond de la dette à temps de façon qu’une bonne partie de l’âpre débat qui a eu lieu puisse être évitée. Ça c’est le premier point. Et le second, c’est qu’ils auraient pu présenter un plan fiscal semblable par exemple à celui de la commission Bowles-Simpsonqui sans obtenir la super-majorité requise, a recueilli au moins une majorité de voix et a soumis un certain nombre de recommendations raisonnables. D’autres pourraient être envisagées, mais au moins cela aurait été un point de départ ».