Les lignes sont en train de bouger en Asie du Sud. Les soldats occidentaux vont quitter l'Afghanistan, la confiance entre Américains et Pakistanais est une valeur en baisse. Pékin convoite une place, Islamabad se rapproche de Téhéran et, du coup, à terme, l'Inde redoute d'avoir à faire face à un nouveau retournement de situation à Kaboul, avec un gouvernement hostile et une nouvelle vague de combattants démobilisés qui se retourneraient contre elle.
Mais l’Inde dispose d'un atout-maître depuis que Washington et New Delhi sont devenus les meilleurs amis du monde. La capitale indienne est régulièrement et systématiquement une étape obligatoire de la diplomatie américaine qui ne manque jamais de rappeler la nature stratégique du dialogue entre les deux pays et les espoirs qu'elle fonde sur leur coopération bilatérale, autrement dit de la rassurer.
La visite de la secrétaire d'Etat intervient au moment précis où l'Inde et le Pakistan mettent au point les détails de la reprise des pourparlers de paix et quelques jours après une nouvelle série d'attentats non revendiqués à Bombay, mais qui en d'autres temps auraient suffi à geler durablement tout processus de discussion entre Islamabad et New Delhi.
On ignore évidemment jusqu'à quel point Washington a pu intervenir pour éviter une nouvelle dérive du dossier mais il est hautement vraisemblable que l'intérêt américain pour la sécurité régionale pèse de tout son poids dans cette partie de billard explosive.