Va-t-on assister à un tournant majeur dans le feuilleton politico-judiciaire « Julian Assange », ces prochains jours ? La justice britannique a dans ses mains, en tout cas, le sort du fondateur de WikiLeaks à la quarantaine grisonnante, qu’elle détient depuis plus de six mois en résidence surveillée.
La Suède avait diffusé un mandat d’arrêt international à son encontre, le 18 novembre 2010. Et après son arrestation, le 7 décembre, un tribunal de Londres avait déjà répondu positivement à son extradition avant qu’Assange ne fasse appel de la décision. Il est donc attendu devant la Haute Cour londonienne pour se défendre une nouvelle fois et connaître le verdict final.
A quelque 1 500 kilomètres de là, la justice suédoise attend son tour pour l’entendre sur des faits de viol et d’agressions sexuelles présumés contre deux jeunes filles en août 2010. N’étant pas encore formellement inculpé, cette perspective effraie ses partisans. Ces derniers rappellaient ainsi dans un communiqué publié dans la presse anglaise il y a moins d’un mois, que si c'est le cas, « il fera l’objet d’un procès qui se déroulera dans le secret (à huis clos, Ndlr) » et sans avoir connaissance de toutes les preuves à charge.
L’enquête américaine se poursuit
Mais la plus grande crainte de ses avocats n’est pas tant l'idée de le voir comparaître devant la justice suédoise que celle de son extradition, de la Suède vers les Etats-Unis, par la suite, où une enquête pénale est ouverte à son encontre depuis un an. La publication de la vidéo d’une bavure de l’armée américaine en Irak, puis des câbles diplomatiques de Washington, par WikiLeaks au cours de l’année dernière, a provoqué l’ire de l’administration Obama qui compte bien faire traduire Julian Assange en justice, outre-Atlantique. L’officier Bradley Manning, accusé par la Maison Blanche d’avoir fait fuiter les documents confidentiels, et qui risque la prison à vie, est au cœur de la procédure : si les enquêteurs arrivent à prouver que le fondateur de WikiLeaks est à l'initiative des contacts avec Bradley Manning, il sera plus aisé de réclamer la venue de l’Australien sur le sol américain.
Mais Julian Assange peut toujours compter sur de nombreux soutiens, et sur sa notoriété qui en fait la 9e personnalité la plus influente au monde cette année, selon le Time magazine. En mai dernier, il a également été décoré de la médaille d’or de la Sydney Peace Fondation, pour sa « défense des droits de l’homme » - l’un des prix les plus prestigieux dans le domaine.
WikiLeaks toujours embourbé
WikiLeaks, de son côté, ne va guère mieux que son fondateur. Le site voit son budget dégringoler depuis le début de l’affaire, et notamment depuis que les deux sociétés de cartes de crédit, Visa et MasterCard, ont coupé toutes possibilités de dons sur internet en faveur du site internet. Après une menace de procès devant Commission européenne et un détournement humoristique d’une des deux marques, la situation avait semblé se débloquer avant que Visa ne fasse machine arrière et maintienne ses vérouillages. La plainte sera donc bien déposée, ce mardi 12 juillet, ou le lendemain, selon l’un des avocats du site. Une semaine cruciale, donc, pour Julian Assange.