WikiLeaks, nouvelles révélations sur Guantanamo, al-Qaïda et le 11-Septembre

Dimanche, WikiLeaks a encore frappé en révélant 779 fichiers secrets en rapport avec les détenus de la célèbre prison de Guantanamo. Des médias européens et américains publient donc depuis deux jours des analyses de ces mémos. Et ce mardi 26 avril, le New York Times révèle que des attaques massives étaient prévues après le 11 septembre 2001, sur le sol américain. Autre information, une dizaine de mosquées et de centres islamiques du monde situés notamment en Europe et au Canada ont été utilisés par al-Qaïda pour recruter et entraîner ses militants.

Ce sont des documents militaires datant de 2002 à 2009 qui ont été fournis aux médias. Ils concernent 704 des 779 détenus passés par Guantanamo. Le New York Times révèle dans son édition du mardi 26 avril, après analyse des documents, qu’un petit groupe de militants d’al-Qaïda, enfermés ensuite à Guantanamo, réfléchissaient à de nouveaux attentats sur le sol américain. Autour de Khaled Cheikh Mohammed, le cerveau des attentats du 11-Septembre, ce groupe envisageait des frappes avec des armes de destruction massive sur le sol américain, comme des attentats sur des avions de la côte ouest américaine, l'explosion au gaz d'appartements ou de stations service ou encore le sabotage du pont de Brooklyn à New York. Par ailleurs, Khaled Cheikh Mohammed, avait, dans ses interrogatoires, affirmé qu’une bombe nucléaire était prête à être déclenchée en Europe en cas de capture d’Oussama ben Laden. L’aéroport londonien d’Heathrow était également visé.

Un autre nom ressort également de ces mémos. Celui de Saifullah Paracha, 63 ans, ancien agent de voyages installé à New York, arrêté peu après le 11 septembre 2001. Pour les enquêteurs, il aurait offert sa longue expérience des voyages pour faire entrer aux Etats-Unis toutes sortes d'explosifs. Dans un de ses interrogatoires, il dit avoir rencontré Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe atomique au Pakistan. Il portait également sur lui un agenda électronique dans lequel il répertoriait les effets sur l'homme des substances présentes dans les armes chimiques.

Des histoires de détenus

En France, Le Monde ; en Espagne, el Pais ; en Grande-Bretagne, The Guardian ; en Allemagne, Der Spiegel, tous racontent des histoires personnelles de détenus, trouvées dans ces fichiers. Des fichiers qui mentionnent le niveau de dangerosité de chacun d'entre eux, selon le commandement de Guantanamo. Et en même temps, des cas d’individus retenus à tort, inculpés sur la base de faux témoignages ou tout simplement parce qu'ils étaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Les autorités américaines ont, en même temps, libéré quelque 200 détenus qui, eux, représentaient un vrai danger.

Washington n'a guère apprécié ces publications qui révèlent les défaillances du système Guantanamo. « On fait tout ce qu'on peut pour agir avec le plus grand soin », se défend le gouvernement à propos des détenus. Ils sont encore 172 à rester sur la base américaine. La plupart d'entre eux seront probablement libérés, c'est-à-dire transférés dans des pays tiers. Une trentaine de prisonniers attendent leur procès. Quant aux autres, 48 au total, les Américains souhaitent les garder pour toujours derrière les barreaux, sans aucun jugement.

Des lieux d’entraînements en Amérique du Nord et en Europe

Dans un autre document, destiné à aider les enquêteurs américains dans leurs interrogatoires des prisonniers de Guantanamo, WikiLeaks dévoile une liste d’une dizaine de lieux censés avoir accueilli des militants d’al-Qaïda. On y trouve la mosquée Makki de Karachi, l’Université islamique Abu Bakr de la même ville du Pakistan ou encore l’Institut Dimaj de Saada et la mosquée Al-Khair de Sanaa, au Yémen. Mais parmi les lieux visés par le ministère américain de la Défense figurent aussi la moquée de Finsbury Park à Londres, l’Institut culturel islamique de Milan et la grande mosquée de Lyon, en France.

Autre information publiée par WikiLeaks, le Pentagone affirme que le Mauritanien Mohamadou Ould Salahi aurait juré allégeance à Oussama ben Laden, lors d’un voyage en Afghanistan et qu’il aurait recruté personnellement quatre des participants aux attentats du 11-Septembre. Haut militant d’al-Qaïda, Salahi aurait été imam de la mosquée Al-Sunna, à Montréal au Canada le temps d’un été. Ces informations, qui n’étaient pas destinées à être rendues publiques embarrassent, une fois de plus l’administration américaine. Outré, le grand recteur de la mosquée de Lyon a demandé à être reçu par l’ambassadeur des États-Unis en France.

 

Partager :