Affaire DSK : des réactions politiques enthousiastes, prudentes ou incrédules

Du « coup de tonnerre » à l’« immense joie » en passant par l’évocation ironique de « la tête que doit faire Sarkozy » : c’est une tempête de réactions que provoque en France l’article du New York Times affirmant que le dossier d'accusations d’agression sexuelle portées contre Dominique Strauss-Kahn par une femme de chambre d'un hôtel de New York  est sont le point de s'effondrer. Dans son édition du 1er juillet 2011, le quotidien assure que « les enquêteurs ont découvert des failles importantes dans la crédibilité de la femme de chambre ». Si la droite se fait largement discrète, certains au Parti socialiste voient déjà DSK revenir dans la course présidentielle pour 2012.

« C'est un coup de tonnerre qui se produit, cette fois-ci pas dans le même sens », a déclaré l'ex-Premier ministre socialiste Lionel Jospin. « Dans l'hypothèse où Dominique serait lavé de toute charge, ce que je souhaite évidemment ardemment, ce serait d'abord à lui de se déterminer après un tel choc personnel. Après ce sera aux socialistes et aux responsables socialistes d'en décider ».

Les socialistes s'attendaient, au cours de la primaire, à un duel entre Martine Aubry et le député de Corrèze François Hollande. Aucun d’eux ne se prononce sur une éventuelle modification du calendrier des primaires socialistes. « J'espère de tout cœur, a déclaré la maire de Lille, que la justice américaine établira dès ce soir toute la vérité et permettra à Dominique de sortir de ce cauchemar. »

Quant au député de Corrèze, en tête dans les sondages pour la primaire, il dit souhaiter « que les éléments nouveaux qui viennent d'être révélés cette nuit dans le cabinet du procureur de New York permettent de lever toutes les accusations à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn. Ce serait pour lui, pour sa famille, pour ses proches une délivrance ».

Responsable strauss-kahnien rallié à François Hollande, le député du Doubs Pierre Moscovici, nommé jeudi « coordinateur de la campagne » de l’ex-premier secrétaire du PS, a parlé sur France Info d'une « nouvelle incroyable », tout en restant prudent sur ses conséquences éventuelles.

Proche de Laurent Fabius, Claude Bartolone, soutien de Martine Aubry, a égratigné le président de la République : « Il y a un seul truc qui me fait plaisir - en dehors de cette espérance qui réapparaît dans la vie de Dominique Strauss-Kahn, d'Anne Sinclair et de toute leur famille -, c'est la tête que doit faire Sarkozy aujourd'hui ».

Une partie du PS estime que ce rebondissement pourrait changer la donne pour cette primaire. « Il faudra voir quel est le meilleur dispositif pour la gauche », a déclaré le député socialiste Jean-Marie Le Guen, un proche de Dominique Strauss-Kahn, sur France Inter. Il a estimé que l'ex-directeur du FMI serait « un acteur incontournable de la vie politique dans les mois qui viennent ».

Michèle Sabban va plus loin. La vice-présidente socialiste du Conseil régional d'Ile-de-France, également proche de l'ancien directeur du Fonds monétaire international, demande une suspension du processus, afin de laisser la possibilité à DSK d'y participer. Elle espère « que sa réhabilitation sera aussi forte que sa destruction ». S'il était innocenté, « moi je demanderais aux candidats déclarés à la primaire socialiste de suspendre un temps la primaire pour laisser le temps de parole à Dominique », a-t-elle déclaré sur i>Télé.

Sans se prononcer sur une éventuelle candidature de DSK, l'ex-ministre Jack Lang, poids lourd du parti, a clairement souhaité son retour sur la scène politique, en cas d'abandon des accusations. « Sa présence avec nous, auprès de nous, serait déterminante pour notre succès à l'élection présidentielle », a-t-il déclaré sur la chaîne BFM TV.

Le dépôt des candidatures à la primaire socialiste s'est ouvert le 28 juin et doit prendre fin le 13 juillet à minuit. Pour l'heure, cinq socialistes sont candidats.

A droite, réaction du Premier ministre François Fillon : « Nous devons attendre sereinement que la justice américaine fasse son travail. C'est la seule conduite à tenir dans cette affaire », a-t-il déclaré lors d'un déplacement en Indonésie.

Jean-Louis Borloo, possible candidat centriste, a lui aussi a estimé sur Radio Classique et i>Télé que Dominique Strauss-Kahn pourrait revenir dans la course à la présidentielle. « Si ça se déroule comme on le suppose, un retrait de l'accusation (...) qu'est-ce qui l'empêche de revenir s'il en a la force et l'envie ? »

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