« C'est un coup de tonnerre qui se produit, cette fois-ci pas dans le même sens », a déclaré l'ex-Premier ministre socialiste Lionel Jospin. « Dans l'hypothèse où Dominique serait lavé de toute charge, ce que je souhaite évidemment ardemment, ce serait d'abord à lui de se déterminer après un tel choc personnel. Après ce sera aux socialistes et aux responsables socialistes d'en décider ».
Les socialistes s'attendaient, au cours de la primaire, à un duel entre Martine Aubry et le député de Corrèze François Hollande. Aucun d’eux ne se prononce sur une éventuelle modification du calendrier des primaires socialistes. « J'espère de tout cœur, a déclaré la maire de Lille, que la justice américaine établira dès ce soir toute la vérité et permettra à Dominique de sortir de ce cauchemar. »
Quant au député de Corrèze, en tête dans les sondages pour la primaire, il dit souhaiter « que les éléments nouveaux qui viennent d'être révélés cette nuit dans le cabinet du procureur de New York permettent de lever toutes les accusations à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn. Ce serait pour lui, pour sa famille, pour ses proches une délivrance ».
Responsable strauss-kahnien rallié à François Hollande, le député du Doubs Pierre Moscovici, nommé jeudi « coordinateur de la campagne » de l’ex-premier secrétaire du PS, a parlé sur France Info d'une « nouvelle incroyable », tout en restant prudent sur ses conséquences éventuelles.
Proche de Laurent Fabius, Claude Bartolone, soutien de Martine Aubry, a égratigné le président de la République : « Il y a un seul truc qui me fait plaisir - en dehors de cette espérance qui réapparaît dans la vie de Dominique Strauss-Kahn, d'Anne Sinclair et de toute leur famille -, c'est la tête que doit faire Sarkozy aujourd'hui ».
Une partie du PS estime que ce rebondissement pourrait changer la donne pour cette primaire. « Il faudra voir quel est le meilleur dispositif pour la gauche », a déclaré le député socialiste Jean-Marie Le Guen, un proche de Dominique Strauss-Kahn, sur France Inter. Il a estimé que l'ex-directeur du FMI serait « un acteur incontournable de la vie politique dans les mois qui viennent ».
Michèle Sabban va plus loin. La vice-présidente socialiste du Conseil régional d'Ile-de-France, également proche de l'ancien directeur du Fonds monétaire international, demande une suspension du processus, afin de laisser la possibilité à DSK d'y participer. Elle espère « que sa réhabilitation sera aussi forte que sa destruction ». S'il était innocenté, « moi je demanderais aux candidats déclarés à la primaire socialiste de suspendre un temps la primaire pour laisser le temps de parole à Dominique », a-t-elle déclaré sur i>Télé.
Sans se prononcer sur une éventuelle candidature de DSK, l'ex-ministre Jack Lang, poids lourd du parti, a clairement souhaité son retour sur la scène politique, en cas d'abandon des accusations. « Sa présence avec nous, auprès de nous, serait déterminante pour notre succès à l'élection présidentielle », a-t-il déclaré sur la chaîne BFM TV.
Le dépôt des candidatures à la primaire socialiste s'est ouvert le 28 juin et doit prendre fin le 13 juillet à minuit. Pour l'heure, cinq socialistes sont candidats.
A droite, réaction du Premier ministre François Fillon : « Nous devons attendre sereinement que la justice américaine fasse son travail. C'est la seule conduite à tenir dans cette affaire », a-t-il déclaré lors d'un déplacement en Indonésie.
Jean-Louis Borloo, possible candidat centriste, a lui aussi a estimé sur Radio Classique et i>Télé que Dominique Strauss-Kahn pourrait revenir dans la course à la présidentielle. « Si ça se déroule comme on le suppose, un retrait de l'accusation (...) qu'est-ce qui l'empêche de revenir s'il en a la force et l'envie ? »