Première nuit en prison pour DSK

C'est dans une cellule individuelle de la prison de Rikers Island à New York que Dominique Strauss-Kahn a passé la nuit, après sa comparution hier lundi en audience préliminaire au cours de laquelle la juge a décidé son maintien en détention provisoire. Le patron du FMI risque jusqu’à 74 années de prison. Prochaine audience le 20 mai.

Avec notre envoyé spécial à New York, Raphaël Reynes

La juge Melissa Jackson a donné raison à l’accusation et a suivi quasiment à la lettre, les réquisitions de l’accusation. Pour le parquet de New York, Dominique Strauss-Kahn aurait toutes les raisons de tenter de s’enfuir, s’il était remis en liberté.

Dans ses réquisitions, le procureur a en effet dépeint le patron du FMI comme un homme riche et puissant ayant des relations à travers le monde entier : « Des relations qui seraient susceptibles de l’aider à prendre la fuite, se dérober à la justice et éventuellement le cacher », a dit le procureur.

L'affaire « Roman Polanski » plane sur le dossier DSK

La nationalité de Dominique Strauss-Kahn est également un élément décisif pour l’accusation. La France et les Etats-Unis n’ont pas d’accord d’extradition et « la France n’extrade pas ses ressortissants », a rappelé le procureur. Une référence à peine cachée à l’affaire « Roman Polanski » dans laquelle Paris a toujours refusé de remettre aux autorités américaines le cinéaste pourtant condamné aux Etats-Unis.

Face aux arguments de l’accusation, les arguments de la défense, qui avait proposé de verser une caution d’un million de dollars et de faire porter un bracelet électronique à Dominique Strauss-Kahn, n’ont pas convaincu la magistrate.

Photographié menottes au poignet

Un refus tout à fait logique, estime l’avocat américain Matthew Galluzzo : « Ce n'est pas étonnant, parce qu'il n'est pas américain, il est Français, il a beaucoup d'argent, il a des raisons pour ne pas rester ici, c'est un crime très sérieux aussi...»

Depuis l’arrestation de DSK, samedi après-midi à l’aéroport JFK de New York, les Etats-Unis ont eu à cœur de montrer qu’ils traitaient le patron du FMI comme n’importe quel autre prévenu de droit commun.

Photographié menottes au poignet devant le commissariat de police, puis à nouveau dans la salle d’audience, hier lundi, Dominique Strauss-Kahn n’avait visiblement pas pu se changer et portait les mêmes vêtements. Tout comme les autres prévenus appelés avant lui à la barre.

Les chefs d'accusation

Le chef d’accusation le plus grave porté à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn est l’acte sexuel criminel au premier degré. Le terme désigne un viol par fellation ou sodomie en ayant recours à la force ou en menaçant d’y recourir. Il est passible de 25 ans de réclusion, une peine multipliée par deux dans cette affaire, puisque Dominique Strauss-Kahn est soupçonné d’avoir agi ainsi à deux reprises.

La « tentative de viol au premier degré », qui implique également un recours à la force, est punie aux Etats-Unis de 15 ans d’emprisonnement. La violence est également induite dans le terme « d’agression sexuelle au premier degré » qui recouvre tout contact sexuel non consenti, et qui est puni de 7 ans d’emprisonnement.

La séquestration de moins d’une semaine et les attouchements non consentis sont passibles d’un an de prison chacun. L’agression sexuelle au 3e degré, qui n’implique pas l’usage de la force, est punie de 3 mois d’emprisonnement.

Dans le système judiciaire américain, les peines s’additionnent, ce qui porte dans cette affaire le total des peines à 74 années et 3 mois d’emprisonnement. A titre de comparaison, si Dominique Strauss-Kahn était poursuivi en France pour les mêmes faits, il risquerait une peine maximale de près de 15 ans.
 

 

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