Avec notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes
Toute la journée de lundi, Barack Obama a envoyé ses lieutenants au front, dans les médias pour rappeler à quel point la situation sécuritaire reste délicate, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde. Hillary Clinton au département d'Etat, Leon Panetta à la CIA ou encore le conseiller sécurité de Barack Obama, John Brennan.
Tous se sont employés à répéter que « le combat contre al-Qaïda ne s'arrête pas avec la mort d'Oussama ben Laden ». Et même si le président américain affirmait, lundi après-midi, que « le monde est un endroit meilleur » après la disparition du chef terroriste, les avertissements de possibles représailles se sont multipliés, au cours de la journée. Des représailles « quasi certaines » selon la CIA. Plusieurs pays ont d'ailleurs renforcé leurs mesures de sécurité, mais les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils ne relevaient pas leur niveau d'alerte.
Une polémique naissante
Dans ce contexte, le Pakistan est accusé de « double jeu », en clair d'avoir protégé Oussama ben Laden. Une polémique dans laquelle l'administration Obama ne souhaite visiblement pas entrer. Aucun des membres de l'entourage du président américain n'a publiquement formulé de critique à l'égard d'Islamabad. Barack Obama et Hillary Clinton se sont même félicités de la bonne coopération entre les deux pays. Une coopération virtuelle, puisque les Etats-Unis n'ont prévenu le Pakistan de l'intervention, qu'une fois qu'elle était terminée. Mais Washington fait preuve de retenue, alors que de nombreuses voix se sont effectivement élevées contre l'attitude du Pakistan.
Le sénateur indépendant Joe Lieberman estime ainsi que les Pakistanais « vont devoir prouver qu'ils ne savaient pas que ben Laden était là ». Même son de cloche de la part du démocrate Carl Levin ou encore de la républicaine Susan Collins qui propose l'ajout de conditions à l'aide militaire que les Etats-Unis apportent au Pakistan.
Lundi soir, John Kerry a peut-être donné la meilleure explication à ce qui se passe. « Il faut aller de l'avant, dans l'intérêt des deux pays », a déclaré le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain. Comprenez qu'il reste des cadres d'al-Qaïda à retrouver.