Identifié comme le numéro 2 d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri n’en devient pas de facto le numéro 1 après la mort d’Oussama ben Laden. Même si la récompense fixée par les Etats-Unis pour sa capture s’élève – comme c’était le cas pour ben Laden – à 25 millions de dollars (16,8 millions d’euros), le co-fondateur (avec ben Laden) d’al-Qaïda n’est pas forcément appelé à prendre la tête du réseau terroriste pour diverses raisons, et d’abord parce qu’il n’a pas le charisme du chef tué lundi 2 mai au Pakistan, à l’âge de 54 ans.
Al-Zawahiri, le plus légitime
Oussama ben Laden représenterait le symbole de la lutte contre l’Occident pour l’islamisme radical. Même si ses interventions s'étaient fait rares ces dernières années, sa disparation laisse un vide que personne au sein de la mouvance jihadiste ne semble en mesure de combler, pas même al-Zawahiri, médecin de formation âgé aujourd’hui de 60 ans et lui-même adepte des messages audio et vidéo appelant au jihad.
En tant qu’Egyptien il n’aura jamais, selon certains experts, le soutien des branches saoudiennes et yéménites de l’organisation. Considéré comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001, le coup le plus brutal et meurtrier jamais infligé à la puissance américaine, al-Zawahiri possède néanmoins pour lui des « faits d’armes » et une longévité qui lui confèrent une incontestable légitimité.
Intégré chez les Frères musulmans à l’âge de quinze ans, il était impliqué, dès 1980, dans l’assassinat du président égyptien Anouar al-Sadate, l’homme de la paix avec Israël. Engagé dans le jihad contre les Soviétiques en Afghanistan, il a formé des terroristes en Tchétchénie puis organisé les attentats de Louxor en Egypte en 1997 et ceux contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie de 1998.
Reste que le réseau al-Qaïda lui-même semble s’être dilué au fil du temps en divers groupes et factions qui ne sont plus centralisés. « Ces groupes implantés dans l’ensemble du monde musulman, du Caucase au Maghreb, avaient fait allégeance à ben Laden mais il était pour eux une sorte de guide spirituel et non un chef militaire » déclarait lundi à l’Agence France-Presse, Hassan Abou Hanieh, un analyste spécialisé dans les mouvements jihadistes.
Une influence moindre
« Personne ne peut remplacer Oussama ben-Laden car ceux qui s’engageaient à ses côtés lui prêtaient personnellement un serment d’allégeance » confirme sur la chaîne CNN Peter Bergen, l’un des rares journalistes américains à avoir interviewé le chef d’al-Qaïda, en 1997. D’après lui, al-Qaïda en tant que tel ne se remettra jamais de la mort de son leader. Certains analystes estiment au contraire que le mouvement pourrait connaître un nouvel essor à la faveur de l’instabilité actuelle en Libye, au Yémen et en Syrie. Sans oublier sa branche nord-africaine mieux connue sous le nom d'Aqmi qui revendique régulièrement des enlèvements d'Occidentaux.
La mort de ben-Laden elle-même ne manquera pas de générer des représailles contre les intérêts occidentaux et particulièrement américains. Aux Etats-Unis, Anwar al-Aulaqi, un imam yéménite de 39 ans né dans l'Etat du Nouveau Mexique et réfugié au Yémen depuis 2002 est souvent cité comme l’élément les plus dangereux d’al-Qaïda dans la péninsule arabique. Suspecté d’avoir influencé deux des auteurs des attentats du 11 septembre 2001, il serait aussi l'inspirateur de la tuerie de Fort Hood au Texas en novembre 2009 et de l’attentat manqué contre un vol Amsterdam-Detroit, le jour de Noël de la même année.