George W. Bush en a rêvé pendant ses deux mandats mais c’est le président Obama qui l’a fait. En mettant un point final à la plus grande chasse à l’homme jamais organisée par les Américains à l’échelle de la planète, Barack Obama engrange à coup sûr les bonus. Beau joueur, son prédécesseur à la Maison Blanche a d’ailleurs rapidement reconnu dans cette opération une « réussite capitale ».
Lors de son intervention télévisée pour annoncer la mort d’Oussama ben Laden, Barack Obama a bien précisé qu’il avait personnellement donné le top départ à la mission menée par des membres des forces spéciales de la marine américaine, les Navy Seals.
Le commandant en chef Obama redonne ainsi aux Américains l’occasion de rejouer la partition de l’unité nationale, chose qu’ils n’avaient plus pratiquée depuis le funeste 11 septembre 2011. « Justice est faite » a lancé le président à ses concitoyens à quelques mois à peine du dixième anniversaire des pires attentats de l’histoire américaine.
Accusé d’« indécision » en Afghanistan en 2009 par l’ancien vice-président Dick Cheney, le même adversaire aujourd’hui se joint au concert de félicitations pour « saluer Obama et son équipe de sécurité nationale ». Même Peter King, un républicain réputé pour avoir la dent dure et spécialiste des questions de sécurité, y est allé de ses louanges saluant « le succès de l’opération, l’un des plus importants de l’histoire américaine ».
Une victoire, des bénéfices
A 18 mois de l’élection présidentielle, au moment où la politique d’Obama essuie des critiques à la fois de l’opposition et de son camp démocrate, la liesse populaire qui s’est exprimée la nuit dernière dans les rues américaines, doit avoir pour le président un goût de miel. Oussama ben Laden, l’ennemi numéro un des Américains jusque-là, vaincu, celui qui s’est déclaré récemment candidat pour 2012 ne peut qu’en retirer des bénéfices.
Mais d’ici à novembre 2012, la route est encore longue. Ben Laden éliminé, le gouvernement Obama risque d’avoir encore plus de mal à persuader ses compatriotes de poursuivre et d’accroître l’effort de guerre en Afghanistan comme il s’y est engagé avec pour perspective le retrait complet, fin 2011, des quelque 45 000 soldats américains encore présents en Irak. Interrogés, plus de six Américains sur dix estiment que les résultats obtenus en Afghanistan ne sont pas à la hauteur des sacrifices consentis.
Mais la politique étrangère pèse d’un poids tout relatif dans une campagne présidentielle aux Etats-Unis. Fort de son succès contre le terrorisme, Obama aura néanmoins à batailler ferme sur le front de l’économie, là où 57% des Américains disent désapprouver la politique menée le gouvernement actuel.