Michel Martelly, figure du changement en Haïti

Le chanteur populaire Michel Martelly a remporté lundi 4 avril 2011 l'élection présidentielle haïtienne avec 67,57% des voix, selon les résultats préliminaires du Conseil électoral provisoire. Nouveau venu en politique, l’artiste s’est imposé au second tour après une campagne foudroyante sur le thème du changement. Au lendemain de sa victoire, il a proclamé « l’avènement d’une ère nouvelle » en Haïti.

Personnage politique atypique, Michel Martelly est beaucoup plus connu sous son nom d’artiste « Sweet Micky ». Il était dans les années 80 une star du kompa, une musique de danse très populaire en Haïti, mêlant rythmes afros et latinos. Le pic de sa carrière de chanteur s’est situé vers 1990. Fin 90, il se lançait dans le social et la lutte contre le sida, fléau très présent sur l’île.

Ses détracteurs ont eu beau dénoncer son manque de crédibilité au vu de son passé d'amuseur public extravagant et provocateur - on l'a vu jouer au travesti dans un show, ce qui a suscité la polémique -, le chanteur a habilement joué de ses talents de communicateur pour emporter l'adhésion des électeurs, des jeunes surtout. En costume et chemise claire, ses nouveaux habits de bête politique, il excelle dans les meetings car la scène, il connaît. « Nous représentons ce vent nouveau qui souffle pour établir un nouvel Etat de droit (...) Il nous faut un Etat au service de la population », a-t-il martelé durant sa campagne, promettant la rupture dans un pays traumatisé par le séisme de janvier 2010 et des décennies de pauvreté et de mauvaise gouvernance.

« J’ai la passion de changer mon pays » puis il ajoute : « Je veux en finir avec le vieux système ». Il semble que le peuple haïtien l’ait entendu en votant massivement pour lui. « C’est un homme qui n’a pas de passé politique et qui est neuf », explique une rescapée du séisme, sans doute déçue de la gestion humaine de la catastrophe et qui réclame un président digne d’une vraie rupture politique.

Parmi ses slogans de campagne, « Tet Kale » aura fait mouche. Un jeu de mots créole qui désigne le « crâne chauve » de Martelly mais signifie aussi « jusqu'au bout », comme sa promesse de mettre fin à des années de gouvernement et de bureaucratie inefficaces. Son message direct, renforcé par le soutien de son compatriote Wyclef Jean, star du hip hop avec les Fugees, s'est finalement révélé plus porteur que le style professoral de Mirlande Manigat, dont la campagne a semblé parfois manquer de relief, au contraire de celle de son rival.

Il faut dire que Mirlande Manigat se situe aux antipodes de Michel Martelly. Lui, ex-chanteur, proche des classes populaires et des chefs d’entreprises ; elle, professeur de droit constitutionnel, visant un public d’intellectuels. Mais surtout, lui, représentant un espoir énorme de changement et une solution politique, au milieu de l’après chaos du séisme. Il est désormais à la tête du pays encore à reconstruire et à développer, Haïti étant un des pays les plus pauvres du monde. « Je suis le changement et le changement est en train de gagner les élections », avait-il prédit à la presse avant sa victoire à l’élection présidentielle.

Le site officiel de Michel Martelly
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