Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
C’est dans un climat de grande tension que les inculpés, menottes au poing, ont pris place sur le banc des accusés. Dans la salle, des proches des victimes, des survivants des camps de la mort et des militants de droits de l’homme.
À l’étage, les familles des accusés. L’ancien dictateur Jorge Videla est entré le premier, suivi par le dernier chef de la junte Reynaldo Bignone. Derrière eux, trois autres anciens militaires, et un civil, José Luis Magnacco, le médecin de l’École de mécanique de la marine, le plus important centre de détention de la dictature.
La première journée de ce procès, où le Ministère public entend prouver l’existence d’un plan systématique de séquestration et de changement d’identité d’enfants nés de patents détenus, a été consacrée à la lecture de l’acte d’accusation. Le procureur a montré comment s’organisait le vol des bébés, avec des maternités clandestines installées dans les centres de détention où les mères, pour la plupart aujourd’hui, disparues, accouchaient les yeux bandés.
Les enfants naissaient sous X ou avec de faux certificats de naissance et d’abandon, pour être ensuite confiés à des familles adoptantes proches des militaires. 500 bébés auraient subi ce sort dont 102 ont recouvré leur véritable identité aujourd’hui. Certains d’entre eux, dont la députée Victoria Donda, ont tenu à assister à l’ouverture de ce procès historique.