Le 8 décembre 2005, Florence Cassez est arrêtée par l’agence fédérale d’investigation (AFI) au ranch de Las Chinitas dans le sud de Mexico. Son compagnon, Israël Vallarta, est soupçonné d’être le chef du gang du Zodiac, une bande de crime organisé spécialisée dans les enlèvements.
Si la jeune Française n’est pas inculpée dans un premier temps, une émission de télévision, supposée être en direct, reproduit un jour plus tard l’arrestation, en la mettant en scène en tant que complice des enlèvements de trois personnes, dont un enfant de 11 ans.
Ce procédé médiatique, courant au Mexique, sert aux intérêts de l’AFI qui souffre d’une mauvaise image auprès du peuple mexicain. Les Mexicains reprochent notamment le manque d’action dans la lutte contre les enlèvements, véritable fléau dans le pays avec près de 8 000 cas par an.
La jeune Française ne tarde pas à clamer son innocence et dit ignorer les agissements de son compagnon. Elle dénonce un montage, que reconnait quelques mois plus tard Genaro Garcia Luna, le chef de l’AFI, devenu depuis ministre de l’Intérieur mexicain.
Mais cette mise en scène ne change rien au fond de l’affaire, Florence Cassez est accusée de délinquance en bande organisée, d’enlèvement et de séquestrations, de port d’armes et de munitions.
Un marathon judiciaire
Jugée en première instance en avril 2008, la Française est condamnée à quatre-vingt-seize ans de prison. Des témoignages à charge, notamment des victimes de l’enlèvement, qui affirment reconnaître la voix de leur ravisseuse, pèsent lourdement.
Augustin Acosta et Franck Berton, les avocats de Florence Cassez, font appel et dénoncent des « vices de procédures et un dossier vide », appuyés notamment par les témoignages controversés des victimes, des soupçons de pression, et un montage « digne des films hollywoodiens », selon Maître Acosta.
La deuxième instance permettra de réduire à soixante ans la peine d’emprisonnement en mars 2009. Florence Cassez se retrouve donc face à son dernier recours auprès de la cour pénale mexicaine : demander l’amparo, l’équivalent du pourvoi en cassation.
En février 2011, alors que la Française entame sa sixième année de détention, la justice mexicaine rejette le pourvoi, et confirme la culpabilité de la jeune femme.
Une affaire diplomatique
L’affaire se transforme alors en bras-de-fer diplomatique entre Paris et Mexico. Après l’annonce du rejet du pourvoi, Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères dénonce un « déni de justice ». « Aucun des éléments fondamentaux de droit ou de fait soulevés par la défense de Florence Cassez n’a été pris en compte comme ils auraient dû l’être dans un État de droit », déclare la chef de la diplomatie française.
Le 14 février 2011, Nicolas Sarkozy s’entretient pendant une heure avec la famille Cassez. A l’issue de cette rencontre, il déclare vouloir maintenir l’année du Mexique en France, conformément au désir de la détenue, et de lui dédier ces manifestations, « afin de ne pas l’oublier ».
Par ailleurs, il réitère sa demande d’application de la convention de Strasbourg de 1983, dont le Mexique est signataire, qui prévoit le transfèrement de la prisonnière dans son pays d’origine.
Convention contestée
Ces déclarations font l’effet d’une bombe. Quelques heures seulement après le discours du chef de l’Etat français, le Mexique annule sa participation aux festivités de l’année du Mexique.
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères mexicain précise qu’il « n’existe pas les conditions pour qu’elle se déroule de manière appropriée », avant d’ajouter que le pays accepterait d’y participer si le lien avec Florence Cassez est supprimé.
Le Mexique fait également part de son refus de transférer la Française, prétextant des systèmes judiciaires non compatibles entre les deux pays, qui pourrait entraîner une réduction de la peine. La convention précise que le transfèrement ne peut s’effectuer qu’en cas d’accord entre les deux pays.
Nicolas Sarkozy a réaffirmé mardi sa volonté de faire transférer Florence Cassez, « pour le reste, il faut garder son sang-froid et obtenir des résultats », a-t-il ajouté avant de préciser qu’il devrait avoir au téléphone son homologue mexicain Felipe Calderon dans les jours prochains.